— Par Yves-Léopold Monthieux —
L’expression d’Adam Smith visant en économie la régulation à laquelle aboutit les intérêts individuels dispersés, il peut paraître paradoxal de rapprocher l’idée de désordre de la notion de « main invisible », à moins que celle-ci ne se révèle être un fil conducteur susceptible, si l’on peut dire, « d’organiser » le désordre. D’ailleurs, le mot « escalade » pourrait s’ajouter à « désordre ».
A l’image des bris de monuments aux morts dans la nuit de ce samedi, lesquels s’inscrivent dans une démarche identifiable, les incendies du Carbet (si leur intention criminelle est confirmée) paraissent étrangers au mouvement dit « noiriste » ou assimilé, mais pourraient relever du même sentiment de désordre. En effet, tous les évènements intervenus depuis le premier bris de statue et même de l’équipée du centre commercial Génipa sous la houlette de Kémi Séba, ont comme fil conducteur la défiance de l’Etat et la volonté de lui porter atteinte dans le cadre de la lutte anticoloniale. La philosophie est connue, la méthode éprouvée : les militants d’idéologies diverses peuvent s’engouffrer dans le tunnel ainsi défini.
S’il est possible que des circonstances propres à la ville de Carbet soient la cause des faits délictueux et que leurs auteurs n’aient rien à voir directement avec le mouvement activiste, il n’est pas invraisemblable que la passation aux actes ait été facilitée par l’existence d’une atmosphère, une sorte « d’air du temps », un sentiment de désordre organisé, bref, un courant qui va toujours dans le même sens et généralement reçu par les élus par un « je comprends » entendu. Le ou les individus auraient participé de cette atmosphère délétère, peut-être involontairement, par des actes que des activistes ne désavoueraient pas.
Si l’un des restaurateurs, homme sympathique connu et haut en couleurs, a pu faire preuve de provocation, qualification qu’on accole volontiers à tout entrepreneur déterminé, il n’en serait pas de même pour le propriétaire du second restaurant incendié. C’est donc l’activité touristique qui serait visée, dont on ignore le rapport avec une récente émission télévisée sur le tourisme. Dès lors, d’autres établissements pourraient se retrouver concernés par ce genre de mésaventures.
Fort-de-France, le 29 décembre 2021
Yves-Léopold Monthieux