« La main fantôme », par Robert Paquin

— Par Robert Paquin —

La main fantôme

Mon fantôme est fidèle.
Il est là, invisible,
Un fantôme modèle,
Présent, inaccessible.
C’est une main fantôme
Qui partout m’accompagne.
Je sens les doigts, la paume
Et la douleur me gagne;
Une démangeaison,
Fantôme d’urticaire,
Sans qu’aucune raison,
Aucun apothicaire
Ne puisse m’expliquer
D’où cette sensation,
Ce mal, vient m’attaquer.
Je mets de la pression
Et frotte l’avant-bras,
Mais la douleur résiste;
Je mets un sparadrap,
Mais où? La main n’existe
Pas, mais je sens mes doigts
Nominativement
Du pouce au petit doigt
Coincés dans le ciment.
Dans l’avant-bras, les muscles
Réagissent et se tendent
À tout mouvement brusque
Que mon esprit demande.
Ce spectre qui est mien
Présent dans mon esprit
Hante mon quotidien.
Il me tient. Je suis pris.
Elle est là, cette main.
Je le sais. Je la sens
Là, hier et demain,
Toujours, c’est agaçant.
À la fin, on s’y fait.
Ce fantôme est le mien.
Je connais ses effets.
Je l’accepte et j’y tiens.

15 octobre 2024

Robert Paquin

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Chers Amis,

Je prends plaisir à partager avec vous ce beau poème de mon ami Robert Paquin.
Une anecdote à propos de Robert.
C’est grâce à lui que j’ai publié mon premier recueil de poèmes, EX-ÎLE, en France, aux Éditions de la Vague à l’Âme, dirigées par Georges Élysée.
Un jour où je déambulais au Salon du Livre de Montréal, j’entendis quelqu’un m’appeler.
C’était mon ami Robert.
Il avait à ses côtés un monsieur que je ne connaissais pas, Georges Élysée.
Sans entrée en matière, ce dernier me demanda si j’avais un manuscrit de poèmes.
Comment avait-il pu deviner que tel était le cas ?
Je lui dis que oui et il m’intima aussitôt l’ordre de le lui apporter le lendemain.
Ce qui fut fait.
Puis Georges repartit pour la France et je n’entendis plus parler de lui.
Je pensai que sans doute mon recueil ne lui avait pas plu.
Mais quelle ne fut ma surprise de recevoir des mois plus tard une lettre m’annonçant que mon texte avait été publié et qu’il avait reçu le Premier Prix de la Vague à l’Âme sur plus de 400 candidats.
C’est ainsi que fonctionnait mon ami Georges, un être original comme je les aime.
Merci, Robert, de m’avoir donné l’occasion de parler de Georges qui, hélas, nous a quittés, et de raconter cette belle histoire.
Gary Klang