La laborieuse invention de l’ère chrétienne

Le christianisme : une religion impérialiste et opportuniste d’origine Romaine

Dans « La laborieuse invention de l’ère chrétienne », nous avons vu que la datation, en mentionnant explicitement le nom de Jésus-Christ n’avait commencé à être utilisée qu’à partir du Xe siècle, et encore, de manière très irrégulière, pour n’être véritablement appliquée assidûment que plusieurs siècles plus tard. Une des questions qui émerge de cette constatation, est celle des origines du christianisme et de l’état de cette religion durant l’Antiquité et le Haut-Moyen-Âge en Europe.

La genèse historique du christianisme

Tout semble commencer, environ soixante-dix ans avant la naissance supposée du Christ, quand Spartacus, gladiateur et esclave, dirige la Troisième Guerre Servile qui a ébranlé la République romaine, avec plus d’une centaine de milliers d’esclaves face aux légions romaines, événement qui va plus tard contribuer à l’émergence de l’Empire Romain.

Ces victoires et ces défaites de Spartacus ont vite transformé la condition et la « psyché » des esclaves de la société romaine : ses victoires ont été assez importantes pour être connues dans toutes les zones contrôlées par les romains, et aux lendemains de cette guerre qui se solde par une défaite écrasante sur lui, l’esclave romain perd tout espoir individuel de retrouver une condition d’homme libre. Cet événement propage donc la croyance et l’espoir en un Sauveur, que Spartacus n’a pu être, pour une supposée victoire finale sur l’oppresseur, eschatologiquement conçue comme une victoire méritée et juste dans un « jugement dernier ».

Environ trente ans avant la naissance supposée du Christ, des esclaves formés aux lettres dans les paedagogia d’Octave sont envoyés à Alexandrie comme « employés aux écritures » de son administration. Dans ce climat eschatologique de revanche, ceux-ci découvrent la Septante [1]. Ces esclaves s’identifient avec l’oppression subie par les juifs et vont se prendre d’une grande affection pour ce livre. En quelques dizaines d’années, ce livre devient un témoin identitaire pour de nombreuses communautés serviles sous le joug romain, qui, comme les juifs, attendent leur Sauveur. Néanmoins la grande majorité des esclaves sont illettrés et la Septante ne sera définitivement acceptée qu’en 144 après Jésus-Christ. Les traditions orales supplantent les traditions écrites dans ces communautés, jusqu’au règne de Constantin.

Suetone nous a laissé un témoignage sur des provocateurs et agitateurs de Rome sous le principat de Claude (41-54) menés par un charismatique Chrestus. Cette donnée est interprétée par les historiens chrétiens comme une preuve historique de l’existence de Jésus-Christ. Cependant, en toute vraisemblance, Chrestus n’est qu’un prophète parmi les esclaves romains dans la Rome du Ier siècle. Parmi ces esclaves, un grand nombre (de 20 000 à 30 000) ont des origines juives, ce qui amènera Claude à expulser ces derniers hors de la ville. À ce moment, de plus en plus d’esclaves se déclarent fidèles à Chrestus et s’identifient avec la Septante.

Des « chrétiens » sans Christ ?

Les affidés de Chrestus devinrent communément les « chrétiens », cette appellation caractérisait sous Trajan (98-117) toute personne opposée à l’ordre Romain, passible de peine de mort, si la personne interpellée se reconnaissait comme « chrétienne ». D’autres opposants à Rome existaient : les populations envahies par les armées romaines qui augmentaient le nombre de « chrétiens » au fur et à mesure qu’avançaient les frontières romaines.

En 144, la Septante est définitivement adoptée par ces « chrétiens », après un débat de cinq ans, perdu par Marcion de Sinope qui souhaitait rejeter ce texte. Après plus d’un siècle d’identification avec la Septante, on peut penser que ces chrétiens finirent par se croire comme « les nouveaux juifs ». Cette appropriation conceptuelle définitive du judaïsme par ces chrétiens sera facilitée par la disparition en 135 de tout État juif en Palestine après l’échec de la révolte de Bar Kochba…

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