Les juges d’instruction ont prononcé ce lundi un non-lieu dans l’enquête sur l’empoisonnement des Antilles au chlordécone, ce pesticide autorisé dans les bananeraies françaises jusqu’en 1993. Ils estiment principalement que les faits sont prescrits.
Les juges estiment principalement que les faits sont prescrits. En novembre dernier, le parquet de Paris avait requis le non-lieu dans cette affaire. « Cela rajoute de l’injustice au scandale », avaient réagi le collectif Lyannaj pou dépoliyé Gwadloup.
Les deux juges d’instruction du pôle de santé de Paris, Brigitte Jolivet et Fanny Bussac, ont signé l’ordonnance de non-lieu lundi dernier. Elles l’ont adressée ce mercredi par courrier aux avocats des associations martiniquaises et guadeloupéennes qui avaient saisi la justice en 2006.
Mobilisations aux Antilles
Le chlordécone, un pesticide interdit en France en 1990 mais qui a continué à être autorisé dans les champs de bananes de Martinique et de Guadeloupe par dérogation ministérielle jusqu’en 1993, a provoqué une pollution importante et durable des deux îles.
Plus de 90% de la population adulte en Guadeloupe et Martinique est contaminée par le chlordécone, selon Santé publique France, et les populations antillaises présentent un taux d’incidence du cancer de la prostate parmi les plus élevés au monde.
Depuis les réquisitions de non-lieu du parquet en novembre, de nombreuses manifestations ont eu lieu aux Antilles, notamment en Martinique, pour dénoncer « un déni de justice » et un « mépris d’État ». Le 6 décembre, à l’occasion des questions au gouvernement à l’Assemblée nationale, le député martiniquais Marcelin Nadeau a interpellé le ministre délégué aux Outre-mer sur « le silence et l’impunité sous couvert de non-lieu », dénonçant « un fort sentiment de mépris à l’égard des peuples empoisonnés ».
Source : AFP / Francetvinfo