— Par Roland Sabra —
Il se dit que l’idée viendrait d’Ernest Breleur et qu’elle a donc été reprise par une dizaine d’artistes parmi lesquels Henri Tauliaut n’a pas été le moins actif à la mettre en œuvre. Son attachement à Wilfredo Lam à qui il attribue avec « La jungle » la paternité de la modernité est vécu comme une injonction à créer, à penser, à inventer le monde à partir des matériaux et des technologies d’aujourd’hui. L’informatique, les réseaux, le web, l’internet en sont les figures les plus marquantes. S’il reprend le titre « Jungle » il lui accole l’épithète sphère comme pour mieux souligner ce qu’il en est de l’enferment et du repli sur elle-même de cette modernité qui s’apparente à un trou noir. Sans commencement, ni fin la sphère est le symbole même du mouvement, de la perfection et de la divinité. Kepkler, l’asronome, dira qu’elle est « le symbole géométrique de la Sainte Trinité » !
C’est donc une sphère remodelée pour la deuxième fois au cours de son ellipse que propose Henri Tauliaut à La Havane. Les transformations s’organisent autour d’une célébration chaque fois plus affirmée de ces dimensions symboliques. Cette troisième version en décomposant la sphère en deux dômes renvoie à la voûte dans les temples, les mausolées, les mosquées, les baptistères, les salles funéraires et d’une façon plus générale à la perception du dôme céleste que l’on retrouve dans les tombeaux mycéniens, les coupoles byzantines, les stupas bouddhiques puisque l’échange avec le monde divin se fait par l’axe du monde qui passe par le centre du dôme. Mais il y a aussi quelque chose dans cette célébration du bulbe comme lieu de passage une révérence qui est faite à la végétation, celle de nos régions tropicales, celle du tableau de Lam. Qu’elle prenne dans l’installation de Tauliaut la forme d’une culture hors-sol, celle de la technique hydroponique, compte-tenu de l’histoire tragique de destins d’afro-américains déracinés n’est pas anodin. La serre est un élément protecteur qui tout en soulignant la fragilité de la vie végétale qui s’y ressource en souligne le désir de persister dans son essence.
Henri Tauliaut affirme là une triple fidélité. La première se rapporte à l’idée de Breleur initiatrice de l’installation à savoir la recherche de « floraisons nouvelles ». Le contrat est rempli. La seconde fidélité est double, elle concerne Wilfredo Lam. En parcourant l’arc de cercle qui va de lanaissance des conditions premières de la vie à la dilution de la transcendance dans la postmodernité, il célèbre et souligne dans le même mouvement de création l’émergence et la clôture d’un espace tandis qu’une ère nouvelle et inconnue, une nouvelle jungle pleine de mystères technologiques s’offre, non pas au défrichement mais simplement à l’exploration.
Fort-de-France, le 06/06/2015
R.S.
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Présentation de Jungle Sphère par l’artiste :
L’oeuvre que je présente à la biennale de la Havane, est la troisième version de la Jungle Sphère. Débutée en 2010, cette série sculpturale est issue des réflexions du projet DEVAH ( créer de nouvelles espèces végétales, les Cultivarts). Dans ces installations, il s’agit de montrer la complexité du vivant, les échanges nécessaires de fluides et d’énergie lumineuse pour le développement d’une jungle artificielle basée sur la technique de culture hydroponique.
Les oeuvres Jungles Sphères déplacent l’objectif scientifique et conceptuel du laboratoire DEV, vers une dimension poétique et subjective liée au spectateur et à son histoire.
La série d’installations Jungle Sphère fait référence à une oeuvre picturale de Wilfrido Lam « Jungle» où le vivant et le surnaturel fusionnent pour créer un monde plastique et symbolique nouveau, que l’on peut qualifier de première oeuvre moderne faisant état de nos rapports au monde à nous Caribéens.
Il s’agit bien ici de montrer grâce à ces différentes strates technologiques, esthétiques et symboliques, cet entrelacement du sensible.
Enfin, mon but est de rendre visible dans une oeuvre contemporaine, la richesse polysémique où la technologie et la sémiologie, les arts et les sciences, le sacré et le profane font sens pour les cultures caribéennes et occidentales.
Decembre 2014
Henri Tauliaut
Liens internets
Interwiew du magazine Uprising:
http://blog.uprising-art.com/biac-martinique-2013-interview-exclusive-henri-tauliaut-artiste-guadeloupeen/
Site personnel: http://henritauliaut.wix.com/encres-et-collages
Henri Tauliaut, De la Jungle Sphère à la Parade Nuptiale: https://www.youtube.com/watch?v=r8HTZrgTqV4
Chaine youtube Henri Tauliaut : https://www.youtube.com/results?search_query=henri+tauliaut
La jungle Sphere 3.0 se compose :
1) Une salle de 4M de large sur 6M de profondeur et 3,5 M de hauteur minimun ayant une seule porte entrée. Elle peut etre dans dans batiment ou construite.
2) Les deux entrées/sorties
La première est la porte d’entrée de la salle, La seconde l’accé au second dome geodesique. Ses contours hexagone rappelle une ruche d’abeille ou des cristraux de quartz.
3) Le boyaux
Il permet la jonction l’exterieur et la jungle sphere. Il fixés par des cordes attachées aux cadres de bois et a la porte d’entrée de la salle.
Je pense texturer l’intérieur de ces formes ( papier, tapis, tissus.. ?).
Le sol et parois sont munis de zones tactiles.
4) D’un premier dome geodesique en bois de 3,6M de diametre,
C’est un isocaedre de frequence 1. Il sert de support a un second dome de 2,7M de diametre ayant des facettes hexagonales. L’espace entre les deux spheres sert a disposer et organiser, l’ensemble des elements de l’installation, c’est a dire l’eau ,la solution nutritive, les plantes, les subtrats, les lumieres et les differents cablages éléctrique et circulations de fluides.
5) D’une peau.
Celle-ci recouvre le premier dome. Cette peau est réalisée grâce à une bâche plastique bleutée (polyane), servant normalement à protéger les chantiers et à la réalisation de routes. Cette bâche est vendue par rouleaux de 50M en 6M de largeur et possède une grande résistance à l’étirement, à l’exposition à la pluie et au soleil. Les parois sont agrafés et collés (colle néoprène) sur la structure en bois.
6) Le dispositif interactif
Il peut être décrit de la façon suivante :
– Des capteurs tactiles (faits maison) réalisés grâce à une mousse trouée, elle est prise en sandwich par deux couches d’un matériau conducteur (aluminium). La première couche amène le courant de 5v (le signal). La seconde, lorsqu’elle est mise en contact avec la première, par la pression exercée par un visiteur, laisse passer l’électricité (ou le signal sonore)
– Une interface programmable (ici de type Arduino) récupère ces signaux et les transforme en événements (grâce à un programme). Donc elle allume, dans notre cas, des lumières (220V) ou commande des sources sonores, par le biais de relais électriques.
– Les actionneurs. Il s’agit principalement de projecteurs étanches (500WT) possédant des gélatines de diverses couleurs, mais aussi de deux systèmes audio avec amplis et haut-parleurs (minis amplis d’ordinateurs).
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