— Par Christian Antourel.—
Martine Baker, présidente de l’association Odis’7, Espace art contemporain, invite Maïté Marque et Stop pour une exposition qui se décline en une panoplie d’œuvres raffinées, dans un décor professionnel mais sans prétention, intimiste distingué, assurément convivial.
La céramique est une aventure à part sans cesse renouvelée. Cette thèse qui rencontre une immense fortune et dont les effets se prolongent toujours, pose la question d’une différence de nature irréductible entre cette parole et toute autre forme d’art ou d’expression artistique. Mais au-delà de divergences, on doit s’empresser de souligner le trait commun à toutes ces analyses qui s’appuient sur un processus régulé, et visent des enjeux communs sociaux, politiques et esthétiques ou pour d’obscures raisons « prophylactiques. » Ce concept de régulation force à considérer la céramique comme un métier d’art, un artisanat, arrêté sur la configuration spécifique qu’un usage lui assigne. Alors que les autres manifestations artistiques se voient regroupées et proprement nommées Art. Une définition introuvable. Comment saisir la vérité sur la céramique, comment fixer son évanescence dans les mots sans la dénaturer profondément ?
Le geste auguste du céramiste
La céramique maitrise les quatre éléments naturels, la terre, l’eau, le feu, et l’air. Elle est l’art premier « art du feu ». Dans cette exposition rarement des œuvres ont paru aussi animales et autant maitrisées à la fois. Cette céramique est donc un art exact. Car ici rien n’est pardonné : ou ca passe, ou ça casse. La main, modèle, pétrit l’argile qui se rebiffe. Elle moule la terre comme une pate mobile, ferme ou inflexible. Sous les doigts agiles de l’artiste, l’argile, la terre prend vie et force par le geste auguste du céramiste. Terre du foyer cocon, ou terre de contrées lointaines, terre d’ici ou d’ailleurs, c’est dans ses entrailles que se chuchotent le plus merveilleux des secrets, la nostalgie de l’âme, de délicieuses créations jaillies du cœur, pour les yeux. Chaque œuvre est le résultat d’une bataille intense et sensuelle avec la matière, quand nul mouvement ne heurte l’implacable force d’inertie de ces morceaux de terre, devenus force d’humanité…envie de voyage au gré de notre imaginaire.
Pratique :
A la Galerie Odis’7
Bassin tortue. Port de plaisance
97290- Le Lamentin.
Jusqu’au 22 juin 2014
Jeudi et vendredi de 16h à 19h
Samedi de 10h à 13h et de 16h à 19h
Dimanche de 10h à 13 h.
Contact : 06 96 21 70 32
05 96 65 56 00
CITATION EXPRESS
« Que recherche l’artiste qui décide d’utiliser ce médium pour entrer en conversation avec les autres ? La richesse des sensations, la proximité du feu, de l’air et de l’eau transpose l’artiste dans un monde énergétique. C’est comme s’il recréait une société plurielle, métissée qui partage, qui bouge, avance et recule, et qui puise son énergie dans les mêmes éléments vitaux. »
Texte paru dans France Antilles.
Christian Antourel.