Rêves des San jusqu’au 29 juin 2024
— Par Sarha Fauré —
Située au cœur de Paris, au 3 rue Notre Dame de Bonne Nouvelle dans le deuxième arrondissement, la galerie Bonne Espérance offre une plongée captivante dans l’effervescence créative de l’Afrique australe. Fondée en 2019 par Scott Billy, un Américain résidant depuis 25 ans à Johannesburg, et son associée Kari Smith, la galerie expose des œuvres d’artistes, designers et artisans émergents et confirmés, représentant la diversité et l’authenticité de la scène artistique africaine contemporaine.
Bonne Espérance est une vitrine unique pour les artistes du Cap à Johannesburg, de Durban à Pretoria, et même au-delà des frontières de l’Afrique du Sud, englobant des créateurs du Lesotho, du Swaziland, du Botswana et de la Namibie. La galerie se distingue par sa programmation régulière qui attire les curieux, les amateurs et les collectionneurs désireux de découvrir des œuvres à la croisée de l’art, de l’artisanat et du design.
Les San : gardiens d’une tradition artistique millénaire
L’une des expositions phares de la galerie Bonne Espérance met en lumière les œuvres contemporaines des artistes San, autrefois connus sous le nom de « Bushmen ». Les San, premiers habitants de l’Afrique australe, sont célèbres pour leur art pariétal, avec une histoire artistique remontant à plus de 20 000 ans. Aujourd’hui, les San continuent de créer, conservant et renouvelant une tradition artistique ancestrale.
La galerie présente les travaux de quatorze artistes San autodidactes du Kuru Art Project, un collectif basé dans le désert du Kalahari au Botswana. Ces artistes, dont les œuvres font partie des collections permanentes de musées prestigieux tels que la Smithsonian Institution, le Victoria & Albert Museum, le Botswana National Museum, la National Art Gallery of Namibia et la South African National Gallery, témoignent de la richesse et de la vitalité de la culture San.
Une rencontre entre tradition etmodernité
Scott Billy, ayant découvert les peintures San dans un musée sud-africain, a été particulièrement inspiré par le travail du Kuru Art Project. « Désormais, ils travaillent comme artistes, mais ce sont tous des autodidactes, » explique-t-il. « Vous avez par exemple cette femme de 88 ans. J’adore ses peintures. Il y a aussi celles de son petit-fils, un homme de 30 ans. J’ai aussi ce travail d’un homme qui fut longtemps un simple chasseur-cueilleur. »
Les œuvres des artistes San, riches en représentations d’animaux et de figures mythologiques, témoignent de l’imaginaire et des récits traditionnels de ce peuple ancien. « L’art San a une histoire qui remonte à 20 000 ans, » poursuit Billy. « Quand vous regardez ces peintures, vous retrouvez certains des motifs que l’on peut voir dans l’art pariétal. Il y a beaucoup d’animaux, par exemple. Les artistes peignent d’abord pour exprimer leur culture et raconter des histoires San… Mais aussi, en tant qu’artistes, ils travaillent de cette façon, car ils pensent que les gens vont acheter, et ils ont besoin de vendre leurs toiles ! »
Préserver et partager un patrimoine vivant
Les expositions de la galerie Bonne Espérance, telles que celle des artistes San, ne sont pas seulement des événements culturels ; elles sont des actes de préservation et de valorisation d’un patrimoine vivant. Les œuvres présentées sont des témoignages d’un peuple qui refuse de voir sa culture reléguée aux livres d’archéologie. En participant aux Traversées Africaines, une initiative annuelle réunissant des galeries parisiennes autour de l’art africain, la galerie Bonne Espérance joue un rôle crucial dans la diffusion et la reconnaissance de la scène artistique africaine contemporaine.
Ainsi, la galerie Bonne Espérance est plus qu’un simple espace d’exposition ; elle est un pont entre les cultures, une plateforme de dialogue et une célébration de l’authenticité et de l’innovation artistique. Par son engagement et sa programmation diversifiée, elle offre au public parisien et international une fenêtre ouverte sur l’âme créative de l’Afrique australe.