C’est dans la longue série de luttes sociales contre l’oppression et pour la défense des valeurs que les Martiniquais ont cherché et cherchent toujours la responsabilité. Il est essentiel de donner une plus grande visibilité et lisibilité à tous les mouvements de lutte pour rendre au peuple martiniquais l’intégralité de son histoire et effacer les pointilles.
Février 1900, février 1923, février 1935, mars 1948, mars 1961, février 1974. Si les mouvements de révolte des ouvriers agricoles se situent à cette période de l’année, c’est parce qu’elle correspond au début des récoltes. Le 9 février 1923, deux ouvriers agricoles ont été tués sur l’habitation Bassignac à Trinité lors d’un mouvement de revendications.
Une jeune Trinitéenne, Rolande Bosphore, docteure en histoire politique et sociale contemporaine, a voulu révéler à travers un ouvrage, après deux années de recherche, cette page oubliée de l’histoire de la Martinique et plus particulièrement du Nord Atlantique. Elle l’a présenté en juillet dernier à la médiathèque de Trinité.
« En ce mois de février 1923, indiquait-elle, les travailleurs avaient accepté de travailler avec la promesse d’une revalorisation de leurs salaires. Promesse qui n’avait été tenue ni par les propriétaires terriens ni par les usiniers ». En rétorsion, les ouvriers ont brûlé des champs de cannes et entamé des marches de plantations à plantations. Les usiniers ont demandé à être protégés au prétexte que les usines étaient menacées. C’est en allant sur les plantations se situant aux abords de Bassignac que le 9 février 1923, les gendarmes ont tiré sur les ouvriers grévistes. Bilan : deux morts et de nombreux blessés.
« Mon propos, a souligné Rolande Bosphore, a été de remettre en lumière cette lutte sociale (…). Les deux morts ont été enterrés le lendemain, sans autopsie.
Il y a eu juste un rapport des forces de l’ordre qui dit que les gendarmes se sont défendus. Ni les présents, ni les blessés n’ont été auditionnés et des pressions ont été exercées sur les familles pour qu’elles ne portent pas plainte (…). Il n’y a qu’un rapport de gendarmerie, ajoutait l’auteure, que j’ai étudié aux Archives à Vincennes, qui relate les faits ainsi que les journaux de l’époque. Comme on était, en février 1923, en période électorale, ces journaux avaient succinctement évoqué ces événements ».
LA FUSILLADE OUBLIEE : BASSIGNAC 1923
ROLANDE BOSPHORE
Éditeur : Centre Littéraire d’Impression Provençal
Prix de vente au public (TTC) : 15 €
222 pages ; 21 x 14,8 cm ; relié
ISBN 978-2-35897-824-8
EAN 9782358978248