Martinique : un taux de chômage de 33% ?

chomeursEn Martinique en juillet 2014, le nombre de demandeurs d’emploi inscrits à Pôle Emploi toutes catégories confondues s’élève à 58 258 soit une hausse de 2.9% par rapport à juin 2014). La population active est d’environ 178 000 personnes. Près d’un tiers de la population active est donc au chômage…

La France, ce beau pays aux 6 millions de chômeurs officiels

– Pour Marc Landré, les 3,4 millions de chômeurs de catégorie A que soulignent les statistiques officielles du chômage sont en réalité l’arbre qui cache la forêt des 6 millions de chômeurs en France, toutes catégories confondues.

Marc Landré est rédacteur en chef adjoint du Figaro, responsable du service Économie France.

Dans les statistiques sur le chômage parues le 27 août, un chiffre est passé totalement inaperçu⋅ Et pourtant, il fait froid dans le dos tant il permet de mieux réaliser le marasme dans lequel la France se situe. Si l’on en croit les données – on ne peut plus fiables – publiées chaque mois par le ministère du Travail et Pôle emploi, la France comptait au 31 juillet un peu plus de… 6 millions de demandeurs d’emploi inscrits à Pôle emploi. Oui, vous avez bien lu: 6 millions de demandeurs d’emploi inscrits à Pôle emploi, et même 6,0802 millions pour être précis!

On est même à 6 millions – la barre a été franchie en mai – probablement en deçà de la vérité car beaucoup de personnes, découragées, ne s’inscrivent pas à Pôle emploi bien qu’elles recherchent un emploi.

Ce chiffre, effrayant pour un pays qui se vante d’être la 5ème puissance économique mondiale, correspond à l’ensemble des inscrits dans les cinq catégories de Pôle emploi en France entière. Il est supérieur de près de 2,66 millions à celui communément présenté comme étant le nombre de chômeurs en France, soit 3,424 millions à fin juillet en catégorie A (sans aucune activité) et dans le seul Hexagone. Et on est même à 6 millions – la barre a été franchie en mai – probablement en deçà de la vérité car beaucoup de personnes, découragées, ne s’inscrivent pas à Pôle emploi bien qu’elles recherchent un emploi.

Pourquoi une telle différence? Il y a deux raisons à cela. Par habitude et surtout par présentation statistique, les données publiées chaque mois sont tout d’abord quasi exclusivement centrées sur la France métropolitaine, excluant du champ de l’analyse les demandeurs d’emploi des départements d’outre-mer. Un peu comme si les chômeurs de la Réunion ou de la Guadeloupe, pour ne citer qu’eux, n’étaient pas de vrais chômeurs. Pourtant, rien que pour la catégorie A, ils sont peu ou prou 265 000 demandeurs d’emploi bien réels à être gommés des radars officiels, y compris dans les prises de parole des ministres qui ne commentent que les statistiques de la métropole…

Ensuite, toujours par habitude mais surtout par stratégie de communication – quel que soit le parti au pouvoir -, les ministres et les médias préfèrent ne parler que des chômeurs de catégorie A et passent sous silence les quatre autres catégories d’inscrits. Très peu s’attardent sur les catégories B et C, qui recensent les personnes pointant à Pôle emploi mais cataloguées en «activité réduite», c’est-à-dire exerçant un boulot de plus ou moins 78 heures dans le mois. Pourtant, ces chômeurs recherchent un emploi, généralement un CDI à temps plein.

Toutes ces omissions, volontaires, n’ont qu’un but qui transcende les courants politiques : masquer la réalité du chômage en France.

Et ce n’est pas parce qu’ils ont un minijob – dont la rémunération ne se cumule pas, pour ceux qui sont indemnisés, avec leur allocation-chômage – qu’ils doivent être considérés comme des «sous-chômeurs» à l’instar des demandeurs d’emploi d’outre-mer. Christine Lagarde ne faisait d’ailleurs, quand elle était ministre de l’Emploi, jamais référence à eux, se focalisant sur les chômeurs de catégorie A, «cible des politiques actives du gouvernement», avait-elle l’habitude de dire. Les autres, non «ciblés», apprécieront… Mais personne ne parle des deux dernières catégories de demandeurs d’emploi (D et E) bien qu’elles regroupent actuellement plus de 660 000 personnes en France métropolitaine. Soit 11,5 % des inscrits à Pôle emploi fin juillet ou l’équivalent de deux villes comme Nice. Pour preuve du peu d’intérêt qu’on leur porte, les données détaillées pour ces deux catégories dans les départements d’outre-mer ne sont même pas publiées.

Et pourtant, ce sont tout sauf des «faux chômeurs» même s’ils sont momentanément autorisés à ne pas pointer à Pôle emploi. Il s’agit de demandeurs d’emploi «non tenus de faire des actes positifs de recherche d’emploi», qu’ils soient sans emploi (en raison d’un stage, d’une formation, d’une maladie, d’une convention de reclassement…) ou en emploi (bénéficiaires de contrats aidés, créateurs d’entreprise).

Toutes ces omissions, volontaires, n’ont qu’un but qui transcende les courants politiques: masquer la réalité du chômage en France. Toutes les politiques mises en œuvre – consistant souvent non à permettre de retrouver un emploi mais à faire changer les chômeurs de catégorie (de la A vers les autres) – en sont une preuve flagrante. Si bien qu’il n’existe pas en France un seul visage du chômage, mais de multiples facettes. Les 6 millions de demandeurs d’emploi officiellement recensés, et surtout les 2,66 millions (à fin juillet) dont on ne parle jamais, le savent mieux que quiconque.
http://www.lefigaro.fr/vox/economie/2014/09/01/31007-20140901ARTFIG00107-la-france-ce-beau-pays-aux-6millions-de-chomeurs-officiels.php