— Par Camille Caldini – France Télévisions —
Comparer l’Amazonie à un « poumon » qui produit « 20% de l’oxygène » que nous respirons est trompeur et réducteur. Le véritable « poumon de la planète », ce sont plutôt les océans. L’Amazonie est, en revanche, d’une importance capitale pour la biodiversité et la régulation du climat du continent américain.
« Le poumon de la planète est en feu », peut-on lire, partout sur les réseaux sociaux. « L’Amazonie, le poumon de notre planète, produit 20% de notre oxygène », a même tweeté Emmanuel Macron. Des centaines d’incendies grignotent l’Amazonie, depuis plusieurs semaines. Ce drame environnemental est dû en partie à la sécheresse, mais surtout à la déforestation, encouragée par le président brésilien, Jair Bolsonaro. Les feux sont notamment provoqués par les défrichements par brûlis utilisés pour transformer des aires forestières en zones de culture et d’élevage ou pour nettoyer des zones déjà déboisées.
Partout dans le monde, des militants se mobilisent, et la santé de l’Amazonie, qui a suscité un début de crise diplomatique entre la France et le Brésil, va s’inviter parmi les sujets au menu au sommet du G7 de Biarritz. Mais peut-être faudrait-il trouver une métaphore plus adaptée que « poumon de la planète », pour évoquer cet écosystème complexe, qui produit de l’oxygène, retient des gaz à effets de serre et abrite une biodiversité inégalée.
Le jour, l’Amazonie fait l’inverse d’un poumon
« Inspirez… Expirez… » Lorsque vos poumons fonctionnent correctement, et sans même que vous en ayez conscience, ils trient l’air que vous inspirez pour alimenter votre corps en oxygène et éliminer ce dont il n’a pas besoin : le dioxyde de carbone (CO2). Les plantes aussi « respirent » en continu. Mais le jour, elles font surtout l’exact inverse de nos poumons.
Les végétaux puisent dans le sol de l’eau et des minéraux pour se nourrir. Avec leurs feuilles, ils captent le dioxyde de carbone (ou gaz carbonique) présent dans l’atmosphère. Les plantes utilisent ensuite l’énergie solaire pour oxyder l’eau et réduire le gaz carbonique afin de produire des glucides, et donc de l’énergie, pour vivre et grandir. C’est ce qu’on appelle la photosynthèse. Au passage, les végétaux rejettent dans l’air du dioxygène (O2). Mais cet oxygène sert en majorité à sa propre consommation. Quand la photosynthèse s’arrête, la nuit, les plantes n’émettent plus d’O2, mais elles continuent à respirer.
Elle ne produit pas « 20% de notre oxygène »
Près de 6 millions de kilomètres carrés, 16 000 essences d’arbres différentes… C’est la plus grande forêt tropicale du monde, la plus célèbre sans aucun doute. On lit souvent, y compris sur les sites d’ONG environnementales, qu’elle produit « 20% de notre oxygène ». C’est lui faire porter une bien lourde responsabilité. « La formule est belle, mais elle n’est pas scientifique », estime d’ailleurs Philippe Ciais, chercheur au Laboratoire des sciences du climat et de l’environnement, interrogé par Le Parisien.
La plupart des scientifiques s’accordent pour estimer que l’Amazonie produit entre 5 et 10% de notre oxygène. Pas plus. Sur Twitter, Jonathan Foley, directeur de l’institut de l’environnement de l’université du Minnesota (Etats-Unis) explique que ses calculs lui permettent d’arriver « au maximum à 6%. Probablement moins »…
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