— Par Marie Andrée Ciprut —
Il est noté dans le Talmud, texte sacré juif (IIe – VIe siècle), que :
« La femme est sortie de la côte de l’homme, non de ses pieds pour être son paillasson, ni de sa tête pour lui être supérieure, mais de son flanc pour être son égale, juste au-dessous du bras pour être protégée et à côté de son cœur pour être aimée. »
Averroès, le sage philosophe islamique soutient au XIIe siècle que :
« Les femmes ont les mêmes fins dernières que les hommes […] Le Coran ne distingue qu’entre ceux, hommes ou femmes, qui cherchent la Loi de Dieu et ceux qui ne s’en soucient pas. Il n’y a pas de hiérarchie entre les êtres humains. »
Toute femme est une Ariane, à la fois héroïne et victime, qui déroule un fil capable de la conduire vers l’indépendance. Dans les sociétés actuelles façonnées par les hommes, c’est à elle de débusquer ce fil et de le suivre pour ne pas se perdre dans le labyrinthe de sa vie, de vaincre ses limitations imaginaires afin de lutter contre les règles sociales qui l’empêchent de progresser.
« Beaucoup de fourmis tuent le lion ! » dit un proverbe algérien. Les femmes, comme les fourmis, franchissent les obstacles petit à petit, inexorablement mais sûrement : les Saoudiennes ont obtenu fin juillet 2015 le droit de voyager sans tuteur. Fin août de la même année, elles se préparaient à se présenter pour la première fois aux élections de décembre. Dès juin 2018 elles ont pu conduire leur voiture, ce qui représente un nouveau pas vers leur libération et la conquête de leurs droits, mais il y a encore beaucoup à faire.
A chacune de nous, femmes, de trouver ce fil qui fera des liens entre Ariane et Médée, entre Hestia et Hermès, entre nos sentiments de générosité, d’amour, de jalousie, de haine et d’abandon, entre notre « dedans » et notre « dehors », entre nous et nos semblables ou dissemblables, pour parvenir à notre propre équilibre au travers de nos rencontres imprévisibles, de la multiplicité de nos différences et ressemblances avec les Autres.
Femmes de tous horizons, innombrables filles d’Ariane, nous vaincrons, à l’image de Simone Veil décédée en juillet 2017 ! Grande humaniste rescapée des camps de concentration ayant consacré sa vie au combat pour la justice, pour l’Union Européenne et pour les femmes avec, notamment la loi sur l’IVG (Interruption Volontaire de Grossesse) qui porte son nom, son corps repose depuis 2018 au Panthéon aux côtés de son mari, un homme qui est entré dans cette célèbre nécropole grâce à elle, une femme, ce qui est une première dans l’Histoire de France. Mme Veil sera la cinquième femme sur soixante-seize hommes à séjourner sous la coupole, dont la devise inscrite sur le fronton : « Aux grands hommes, la patrie reconnaissante », n’était originellement pas destinée aux femmes !…
Alors que les mythes se font, se défont, s’arrangent, se décodent à loisir, l’histoire des femmes elle, reste la même, balançant entre le meilleur et le pire, avec forcément et en majorité, des solutions trouvées grâce à leur énorme capacité de faire face. Dans ce monde principalement régi par la gent masculine, elles le prouvent chaque jour mais ne relèveront ce défi qu’avec les hommes. Bien des exemples pris dans le livre auront démontré une fois de plus que, comme le dit Jean Ferrat dans sa célèbre chanson reprenant les vers du poète Louis Aragon :
« La femme est l’avenir de l’homme ! »
Marie-Andrée Ciprut, 8 mars 2020 à Saint Genis-Pouilly.
Version revisitée de la conclusion du livre, Filles d’Ariane, des Antilles et d’Ailleurs,
(Fortuna éd., mars 2018).