— Par Yves-Léopold Monthieux —
Ce n’est pas la première fois que […] [ Raphaël Confiant ] affirme, ce que je réfute, l’assertion que la droite a été au pouvoir sans partage pendant 40 ans. Cela m’étonne de la part d’un témoin aussi scrupuleux de notre temps. De 1946 à 1958, le pouvoir était aux mains de la gauche, aussi bien en France qu’en Martinique. La droite n’avait pratiquement aucune existence en Martinique où la SFIO et le Parti communiste se partageaient le pouvoir. Il est vrai que ceux qui ont porté la départementalisation ont à ce point échoué à faire évoluer leur enfant que dès 1957 sont apparus les concepts d’autonomie puis d’indépendance. Le Réunionnais Paul Vergès l’a assez bien décrit dans sa conversation avec Césaire, en 2006. La Droite n’a été au pouvoir que de 1958 à 1981. C’est pendant ces 22 ans que la départementalisation a été mise en place. Pratiquement aucun des apports de cette période n’a été supprimé, à l’exception notable du BUMIDOM. Sauf que les jeunes s’en vont tout seuls à un rythme bien supérieur qui conduit, fait sans précédent, à une diminution de la population.
AMJ lui-même avait bien entendu que l’Union avec la Droite ne signifiait pas que les élus renoncent aux mots d’ordre de leurs partis. Les indépendantistes n’ont pas renoncé à leur vocabulaire habituel d’indépendantistes. Certes, certains estiment que ce ne sont que des paroles, mais tout de même. L’entente tient en ce que durant la mandature il ne soit pas envisagé d’évolution statutaire. Faudrait-il laisser tranquillement les indépendantistes dénoncer le pouvoir colonial, sans réagir ? Cela dit, il y aurait autre chose à dire des indépendantistes, notamment que tous ceux qui le sont demeurés sont ceux qui n’ont pas été élus.
La circonstance selon laquelle le pouvoir actuel serait modéré ne suffit pas à prétendre qu’il serait fermé à toute perspective d’évolution statutaire. En effet, ce sont les mesures prises par des présidents de droite (Jacques Chirac et Nicolas Sarkozy) qui ont permis la création de la CTM. La gauche a créé le département, la droite la supprimée : c’est la vérité historique. Plus précisément, il n’est un secret pour personne que la décision d’accéder à l’indépendance ne sera pas refusée par la France et c’est sans doute pourquoi les indépendantistes taisent le sujet une fois qu’ils franchissent l’Atlantique. D’ailleurs le discours d’adieu du député Marie-Jeanne à l’assemblée nationale disant son « mal à la France » et à l’Europe avait des accents d’Edmond Valcin, lorsque celui-ci disait craindre l’arrivée des communistes au gouvernement français au début des années 1980. En fait d’arguments éculés, ils sont de tous les côtés. On n’a pas fait preuve de beaucoup d’inventivité au cours de ces dernières années. Enfin, on observe que les îles présentées comme étant aussi riches que la Martinique ont atteint ce niveau grâce à l’industrie touristique, domaine d’activités qui avait été combattu avec la dernière énergie par les indépendantistes et les autonomistes.
Les îles de la Caraïbe sont toutes rattachées à, ou orientées vers une métropole européenne ou américaine. Les populations correspondantes sont souvent aussi importantes que celles des villes capitales de ces pays, ou des pays eux-mêmes. Sauf que pour la Martinique il y a intégration à cette métropole. L’aversion qu’on peut avoir pour ce mot n’y change rien.
Fort-de-Frrance, le 20 mai 2017
Yves-Léopold Monthieux
(1) Yan Monplaisir ou la même vieille rengaine de la Droite assimilationniste