— Par Selim Lander —
Jamais deux sans … trois : après Trois visages, de Jafar Panahi, au cinéma, Trois ruptures, de Rémi de Vos, au théâtre, la semaine dernière, voici donc, cette semaine, La Danse des trois ponts, à nouveau au théâtre. En dehors de cette redondance troublante, il est bien difficile au critique de s’exprimer face à ce … troisième spectacle. Sa présence dans la programmation officielle de Tropiques-Atrium est une énigme. Car si l’on voit souvent du théâtre amateur très abouti, on ne saurait en dire autant de cette pièce écrite et mise en scène par Nady Nelzy, qui manque totalement de rythme, avec des comédiens qui n’ont d’autre arme que leur naturel pour interpréter leur personnage.
La pièce est située à Saint-Pierre avant la catastrophe, par mauvais temps : pluies abondantes et rivières qui sortent de leur lit, comme on l’a connu récemment. La ville basse de Saint-Pierre s’enorgueillissait de trois ponts : des Roches, de la Roxelane et des Ursulines, d’où le titre de la pièce. Sur l’un d’eux était prévue une ronde Bèlè pour la jeunesse. Intempérie ou pas, deux jeunes filles persistent à vouloir s’y rendre ; elles se heurtent au refus de Man doudou, leur grand-mère. Au spectateur de découvrir la suite. Disons simplement qu’elle justifie le troisième terme du sous-titre de la pièce, « conte dansé fantastique », en ajoutant que, par contre, rien ne justifie le deuxième terme.
Cela étant, il serait malhonnête de dissimuler que les collégiens qui remplissaient la salle Fanon de l’Atrium pour la séance « scolaire » du jeudi n’ont pas boudé leur plaisir, surtout pendant la première partie, avec Man doudou, la deuxième partie fantastique ayant moins bien fonctionné. Les élèves se sont retrouvés dans les personnages des deux jeunes filles, dans la manière dont elles s’expriment, se disputent avec leur grand-mère. Un tel spectacle était-il pour autant nécessaire ? Chacun en jugera.
Tropiques-Atrium, vendredi 19 octobre 2018.