—Par Jean-José Alpha —
En retrouvant Joby Bernabé au Théâtre Frantz Fanon de l’Atrium lors du « jédi mizik » du Cmac, le 16 mai dernier, ce ne sont pas seulement les métaphores lyriques lâchées sensuellement en créole, qui donnent sens à la rencontre avec le poète martiniquais, mais aussi le souffle de sa musique qui court sur la peau en ondes électriques énergisantes comme ces dubs poètes mal-connus de nous, LKJ (Linton Kwesi Johnson), Oku Onuora (Orlando Wong) ou Last poets.
Quatre vingt minutes de bonheur offertes à son public par un type qui dit, chante et danse les rythmes des cultures du Sud avec la souplesse des corps qui se meuvent en postures décalées, en étranges extensions ailées pareilles aux envolées de kayali qui se jouent de la pesanteur des oppressions sociales ; et puis cette voix, singulière, burinée par le soleil des pêches du large des solitudes intemporelles. La musique de Joby Bernabé composée par Alfred Fantone, son directeur musical, se pose en partitions des émotions de l’auditoire ; tantôt latine, jazzy, suave et piquante, elle chante le blues créole des arrière-pays que le poète affectionne. Elle se chante et se danse avec l’esprit du corps.
Et puis, les mots, les phrasés, les soupirs et les rires s’envolent dans le théâtre comme des cerfs volants, on peut même les toucher ont dit certains, avec les idées qu’ils apportent. Le poète facétieux transmet des idées de bonheur simple, d’identité, de fraternité, de solidarité, de réussite dans les épreuves … ; elles se répandent en nous dans l’espoir d’une réconciliation avec nous-mêmes .
Une bonne tournée internationale du poète est à prescrire sans modération.
José ALPHA