Les représentants des instances des six principaux cultes en France (catholique, orthodoxe, protestant, musulman, juif, bouddhiste) devaient remettre à François Hollande, mercredi 1er juillet, une déclaration commune appelant à « l’adoption d’un accord contraignant applicable à tous » lors de la conférence de Paris sur le climat, en décembre. Cette initiative est née dans le cadre de la Conférence des responsables de culte en France (CRCF), qui réunit de manière informelle, chaque mois, depuis cinq ans, les signataires de cet appel. Pour joindre le geste à la parole, ils ont convenu d’observer à cette occasion une journée de jeûne, comme le font, le 1er de chaque mois, certains militants de la cause climatique.
« Nous, membres de la Conférence des responsables de Culte en France, prenons la parole ensemble pour partager notre conviction : au-delà des problématiques techniques, économiques et géopolitiques, la crise climatique relève d’un défi spirituel et moral. C’est d’abord notre rapport à la création comprise comme don de Dieu et à la nature qui est en jeu.
Ayant perdu de vue sa relation à la nature et son intime interdépendance avec tout ce qui constitue celle-ci, l’humanité s’est fourvoyée dans un rapport de domination et d’exploitation mortifère de l’environnement.
Nous sommes mis au défi de repenser et d’habiter autrement notre rapport à la création et à la nature. Nous faisons un. En détruisant l’environnement, l’humanité se détruit elle-même ; en le préservant, nous nous préservons nous-mêmes, nous préservons notre prochain et les générations futures. Notre conscience spirituelle et morale est interpellée.
Nous sommes mis au défi d’agir pour la justice, d’œuvrer pour la paix, de préparer de toute urgence un futur sûr et viable pour nos enfants, en sortant de l’ère des énergies polluantes et en revoyant nos modèles économiques de production et de consommation sans limite.
Nous appelons à un sursaut des consciences vers une action climatique conséquente et à une remise en question de nos valeurs et de nos attitudes. Refusons l’indifférence et l’avidité. Ouvrons-nous à la compassion et à la fraternité. Sortons de nos égoïsmes. Soyons solidaires et prenons le bien commun pour boussole. Persévérons et valorisons chaque action.
Notre appel
La France accueillera et présidera la 21e Conférence des Parties de la Convention cadre des Nations unies sur les changements climatiques (la COP21). La France joue et jouera un rôle diplomatique clé. Nous appelons à l’adoption d’un accord contraignant applicable à tous qui :
– engage à sortir à temps de l’ère des énergies fossiles et vise un ensemble d’objectifs de réduction des émissions de gaz à effet de serre qui garde le réchauffement moyen global bien en deçà de 2 °C, doté de règles assurant la transparence, la responsabilité et un processus de révision des objectifs régulier ;
– protège les populations les plus vulnérables aux impacts des changements en leur permettant de s’adapter à ces impacts et en prenant en compte les pertes et dommages qui leur sont causés ;
– favorise un développement écologiquement responsable et la lutte contre la pauvreté en garantissant un financement adéquat, le transfert de technologies et le renforcement des savoirs et des compétences.
Notre engagement
Bien que la COP21 soit une étape clé, nous sommes convaincus que les défis posés par les changements climatiques ne peuvent être relevés de façon effective par les Etats seuls, mais surtout par une mobilisation individuelle et collective, aujourd’hui et dans les années à venir. Nous appelons les membres de nos communautés à prendre conscience des enjeux de la COP21 et à faire évoluer leurs propres modes de vie. Nous nous engageons à enseigner et transmettre à partir de nos textes fondateurs et de nos traditions respectives, l’exigence de prise de conscience, d’éveil et de responsabilité de l’être humain au sein de la nature et de la création. »
Mgr Georges Pontier et Mgr Pascal Delannoy (Conférence des évêques de France), François Clavairoly et Laurent Schlumberger (Fédération protestante de France), le métropolite Emmanuel et le métropolite Joseph (Assemblée des évêques orthodoxes de France), Haïm Korsia (grand rabbin de France) et Joël Mergui (président du Consistoire central israélite de France), Dalil Boubakeur et Anouar Kbibech (Conseil français du culte musulman) ; Olivier Wang-Genh et Lama Droupgyu (Union bouddhiste de France)