Nous militons depuis des années pour une réforme ambitieuse de la chronologie des médias** et c’est dans cet état d’esprit que nous avons participé à la médiation menée par Dominique d’Hinnin et François Hurard, à la demande de la ministre de la Culture. L’objectif était clair : la modernisation d’une chronologie des médias à bout de souffle, qui offrirait un meilleur accès des œuvres pour le public et garantirait leur financement dans toute leur diversité. En février, les médiateurs ont proposé aux organisations professionnelles une réforme simple, lisible et qui révélait une véritable compréhension des enjeux, intégrant l’annonce d’un plan interministériel pour renforcer la lutte contre le piratage.
C’est en se fixant des ambitions fortes que la politique culturelle de la France a su devenir l’une des premières cinématographies au monde.
.À l’issue de l’ultime séquence de cette médiation, nous faisons le regrettable constat qu’elle n’a pas été maintenue par les médiateurs, sous la pression des conservatismes et des intérêts particuliers, au détriment de la création et du public. Ce compromis dépourvu de toute ambition est une déception. Nous avons besoin d’un changement profond, d’une régulation moderne et d’une réelle volonté politique. De véritables réponses doivent être apportées aux révolutions numériques. Appliquer les conclusions des médiateurs reviendrait à tourner délibérément le dos à ceux qui font les films, pour favoriser uniquement ceux qui les exploitent.
C’est un tournant historique au pays de la culture, où l’œuvre a toujours été le cœur du débat. C’est en se fixant des ambitions fortes, au-delà des intérêts particuliers, que la politique culturelle de la France a su créer les conditions pour devenir l’une des premières cinématographies au monde. Nous appelons le gouvernement et le Parlement à redonner un élan à cette réforme, avant que le premier grand rendez-vous culturel de ce quinquennat, pourtant placé sous le signe de la réforme et de la modernisation, ne se transforme en rendez-vous manqué.
* Et les conseils d’administration de l’ARP (Société civile des auteurs, réalisateurs et producteurs), de la SACD (Société des auteurs et compositeurs dramatiques), de la SRF (Société des réalisateurs de films) et le conseil de direction de l’UPC (Union des producteurs de cinéma)
** Règle définissant l’ordre et les délais dans lesquels les divers modes d’exploitation d’une œuvre cinématographique peuvent intervenir (vente en DVD, diffusion en VOD, sur les chaînes de télévision, etc).
Source : Le JDD.fr