En dépit de trois versions successives et des 400 millions d’euros engagés, les plans Ecophyto se sont soldés par une augmentation des quantités de produits chimiques utilisées.
— par Par Martine Valo —
Gros retards, imbroglio administratif, absence de résultats et manque de transparence : voilà en substance le bilan dressé par la Cour des comptes de dix années d’action gouvernementale, impuissante à sortir l’agriculture française de sa dépendance aux pesticides. Le premier ministre, à qui ce référé en forme de constat d’échec a été adressé le 27 novembre 2019, disposait d’un délai de deux mois pour y répondre avant que ce texte ne soit rendu public mardi 4 février. Matignon a rédigé une défense in extremis lundi. Son argumentaire recense des mesures censées encourager les agriculteurs à avoir la main moins lourde sur les produits chimiques, mais ne dit pas pourquoi les programmes de mobilisation et les millions d’euros dépensés depuis 2009 se sont jusqu’à présent soldés par une augmentation continue des quantités de produits vendues aux agriculteurs.
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La Cour rappelle qu’en 2008, poussée par l’élan d’optimisme du Grenelle de l’environnement, la France ambitionnait de réduire de 50 % l’usage des pesticides en dix ans, d’atteindre 50 % d’exploitations engagées en certification environnementale vers 2012 et 20 % de surfaces agricoles en bio en 2020. Las, même reportés à 2025 et revus à la baisse, « les effets des plans Ecophyto demeurent très en deçà des objectifs fixés », observent les magistrats. En dépit des trois versions successives de ces plans (dont la dernière date d’avril 2019) et des 400 millions d’euros engagés jusqu’en 2018, l’utilisation des pesticides « a au contraire progressé de 12 % entre 2009 et 2016 », notent-ils. Encore ne disposaient-ils pas des derniers chiffres pour leur rapport.
Car en réalité, selon la note du suivi Ecophyto du 7 janvier établie par le ministère de l’agriculture, le recours aux pesticides s’est fortement intensifié entre 2009 et 2018 : il a augmenté de 25 % en nombre de doses unités (NODU), un indicateur qui exclut les produits de bio contrôle à risque faible et les traitements de semences. L’augmentation par rapport à 2017 est même spectaculaire (+ 24 % en un an). Quant aux lignes budgétaires, le gouvernement les évalue à 41 millions d’euros par an pour les actions nationales et 30 millions pour les régions. Une diversité de financement « si complexe, estime la Cour des comptes, qu’elle peut neutraliser les effets de l’impulsion nationale et (…) des initiatives régionales ». Le tout sous le contrôle de sept administrations différentes…
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