Par Guy Gabriel
film français avec Romain Duris, Marine Vacth, Ann Le Ny
Nous sommes en pleine seconde Guerre mondiale, pendant l’Occupation ; Léon Morin est le jeune prêtre fraichement nommé dans un petit village français ; son arrivée provoque un certain émoi dans la population ; il est jeune et beau ; les hommes sont au front ou emprisonnés. Emoustillée par ses collègues de bureau, Barny, une jeune communiste, athée, et dont le mari est emprisonné au front, va finir par chercher à rencontrer ce prêtre afin de confronter ses idées aux siennes. Le rapport va être tendu, dans un premier temps….
Après Jean-Pierre Melville (1961), Nicolas Boukhrief s’empare du roman (Prix Goncourt 1952) de Béatrix Beck Léon Morin prêtre, pour en faire un film magnifique, à la fois sur une relation ambigüe entre une jeune femme, aux idées qu’on pourrait qualifier de progressistes et un jeune prêtre intelligent, généreux et attentif au monde qui l’entoure, et sur une époque trouble et troublée ; nous sommes, en effet, en pleine seconde Guerre mondiale.
La Confession traite, avec subtilité, les rapports qui se nouent entre les deux personnages ; rapports qui passent de la joute verbale, où chacun s’ingénie à faire passer ses idées, diamétralement opposées à une part de séduction indéniable.
L’intérêt du film de Boukhrief c’est qu’il ne tombe jamais dans un discours politique envahissant, le moteur du film restant surtout le rôle que va prendre ce duel psychologique dans le rapprochement des deux personnages ; le discours n’est alors jamais manichéen, car les points de vue ne semblent inconciliables, au contraire. Cette rhétorique, souvent brillante, n’occulte, cependant, jamais l’arrière-plan dramatique du film, où la collaboration est toujours au bout du chemin et de la réflexion.
L’ensemble passe superbement de l’ombre à la lumière selon les circonstances, grâce une mise en scène tout en finesse, mais aussi grâce à deux comédiens qui ont bien intériorisé leur personnage, plus complexe qu’il n’y paraît ; en effet, Romain Duris, dans le rôle de Léon Morin est aussi convaincant que Belmondo dans Léon Morin, prêtre ; Marine Vacth est la bonne surprise du film, même si elle ne fait pas oublier Emmanuelle Riva (récemment décédée).
Un film intense et qui véhicule un discours moderne.
Guy Gabriel