— Par Jean-MArie Nol —
Le sort des classes moyennes aux Antilles devra occuper une place centrale dans le débat public. Elles seraient sur le déclin et menacées de paupérisation, entend-on souvent.
En cause, la réduction attendu des transferts publics, la forte hausse prévisible à l’horizon 2020 de la fiscalité locale, la diminution des emplois intermédiaires sous l’effet des mutations technologiques, la dépréciation du rendement des diplômes, le tassement des écarts de revenus avec les classes populaires… En réalité, aux Antilles les classes moyennes n’ont jamais été aussi nombreuses, stables mais aussi disparates .
Elles ont cependant été gagnées depuis une décennie par une forte anxiété, notamment du fait de la crise sociale de 2009 .
Et si nous balayions devant nos portes ? Se contenter de mots creux pour dénoncer le déclin de l’économie et le climat de violence en Guadeloupe et Martinique et renvoyer le problème des inégalités aux « autres » (« le gouvernement », « les politiques locaux », « les puissants de l’économie »…) est une posture facile. Le cynisme de certains syndicalistes n’a plus de limite . Combien d’hommes et de femmes en Guadeloupe et Martinique critiquent le système actuel avec les effets inégalitaires de la mondialisation néolibérale , mais sont trop occupés par leurs activités pour penser et réfléchir à un nouveau modèle de développement économique et social ? Comment imposer l’égalité autre que par le truchement d’une loi en trompe-l’œil comme la loi égalité réelle ?
Apporter des réponses concrètes aux besoins de la population doit s’accompagner d’une réflexion sur les mécanismes de reproduction des inégalités dans le temps, comprendre ce qui fait que la domination des plus forts persiste aux Antilles, la façon dont les multiples dimensions des inégalités se cumulent et forment un système. Cette réflexion doit commencer par l’analyse de la répartition de la richesse depuis la loi de départementalisation . Quand on y regarde de plus près, le scepticisme l’emporte toutefois, car les inégalités nées du système colonial ont certes été comblées en partie, mais à quel prix et au profit de qui ?
L’hypocrisie d’aujourd’hui est d’abord celle des couches sociales qui, tout en prônant l’égalité des « chances », se gavent des privilèges du système de la rente des transferts publics et profitent de la loi du plus fort. À force d’avoir les yeux plus gros que le ventre, ils pourraient bien succomber d’indigestion. L’humiliation sociale de certaines catégories de jeunes, de l’école au travail, ne sera pas éternellement supportable.
Qui aura le courage politique de porter en Guadeloupe et Martinique un nouveau modèle de développement économique et social comprenant un programme d’éradication de la vie chère, de réduction des inégalités, de stopper l’assistanat, de mettre un frein à une immigration mortifère en provenance des pays pauvres de la Caraïbe, d’endiguer l’enrichissement des plus riches, d’empêcher l’accumulation du patrimoine et des diplômes dans un petit nombre de mains ? Le cynisme des plus favorisés n’a également plus de limite. Pas seulement celle des « privilégiés du système de rente », de la bourgeoisie compradore traditionnelle, dont les revenus annuels sont totalement indécents .Mais se focaliser comme certains syndicalistes sur l’élite économique est une façon facile d’éviter une réflexion globale sur les inégalités et la solidarité. Une partie des élites culturelles de Guadeloupe et Martinique protestent contre le pouvoir de l’argent mais vivent bien et placent habilement leurs enfants dans les « bonnes » écoles où règne une concurrence effrénée. Notre modèle élitiste actuel est défendu par ceux qui, de droite mais au moins autant de gauche, n’ont aucun intérêt à ce qu’il change. Casser les stéréotypes en permettant à chacun de devenir calife à la place du calife sans remettre en cause les rapports de domination entre individus resterait très insuffisant.Le livre à succés de l’économiste Thomas Piketty « Capital au XXIe siècle » a focalisé l’attention sur les problèmes de répartition, que ce soit pour le revenu, entre capital et travail, ou pour le patrimoine dont la distribution est encore plus inégalitaire que celle des revenus. Le 20e siècle a vu la montée d’une large classe moyenne en France comme aux Antilles, à la fois en termes de revenu et de patrimoine. Pourtant, comme le révèle le livre de Piketty, la tendance à la concentration qui a subi un creux pendant cette période connaît une dynamique nouvelle en ce début de 21e siècle. Sans présupposer d’un futur dont nous sommes les acteurs, une tendance semble se dégager du chaos : la remise en cause de cette classe moyenne élargie. La concentration des richesses qui s’accélère s’accommode de plus en plus mal de cette masse d’individus qui souhaite préserver un bien-être et un confort matériel difficilement acquis. Le contexte de départementalisation qui a présidé au saupoudrage de la richesse aux Antilles change peu à peu sous la pression du libéralisme et de la globalisation : Serait -t- il temps d’enterrer la classe moyenne et ses aspirations devenu obsolètes ?
Au cours des ces 70 dernières années, l’emploi, les revenus et le pouvoir d’achat des Guadeloupéens et Martiniquais ont progressé très rapidement, permettant une convergence de la situation économique avec celle de la France hexagonale .En revanche, le rattrapage économique et social avec l’Hexagone n’est pas achevé puisqu’en 2015, le revenu par habitant des Guadeloupéens et Martiniquais représente environ 70 % du niveau national, d’où la loi actuellement débattu au parlement sur l’égalité réelle . De plus, les deux îles pâtissent toujours d’un manque d’emplois et ce du fait d’un mal développement et d’inégalités de revenus plus importantes qu’ailleurs. En effet, une part importante de la population ne peut pas accéder aux autres biens et services que ceux de première nécessité comme l’alimentation, tant la vie reste chère . Malgré le rattrapage, la pauvreté reste hors norme .Beaucoup d’observateurs soulignent que les politiques gouvernementales n’ont pas été en mesure d’empêcher la dégradation de la quantité et de la qualité des emplois avec la multiplication des contrats de courte durée et le développement des abus en matière de fausse sous-traitance, via notamment le détournement du statut d’auto-entrepreneur. Tous les indicateurs montrent aujourd’hui que l’économie de la Guadeloupe et de la Martinique ne vont pas bien et cela peut inciter en effet la masse croissante des laissés-pour-compte, des précaires, des jeunes aux diplômes dévalorisés, à ruer dans les brancards . Mais c’est actuellement la classe moyenne qui est sur la sellette . Il va falloir moins de 2 ans à compter de 2017 pour mettre clairement en évidence cette nouvelle dynamique de déclassement de la classe moyenne aux Antilles, non encore installée dans les réalités objectives, et que notre capacité de déni nous empêche de voir clairement . Ce retournement dynamique apparaît aujourd’hui dans un contexte où, pendant des décennies, la classe moyenne a fait figure de maillon le plus solide et le plus dynamique de la société Antillaise . Elle est considérée comme une classe de confort avec le bonus de salaire des 40% de vie chère, protégée et choyée, stable, située fort loin au-dessus de l’écume des difficultés des classes populaires en maîtrisant son destin social et partageant une culture de sécurité et de confiance dans l’avenir .
La classe moyenne est née avec une économie dite de la départementalisation, certes déséquilibrée, mais en croissance depuis 1946
Depuis 1946, année de la départementalisation de la Guadeloupe et de la Martinique, jusqu’en 2016, l’économie et la société Antillaise ont subi des transformations en profondeur. En effet, lors du vote de la départementalisation, les îles sont confrontées à une grave pénurie et une des préoccupations principales des Antillais et de leurs dirigeants est de lutter contre la grande pauvreté et le sous développement . Le monde rural avec comme soubassement l’industrie sucrière tient alors une place prépondérante dans l’économie.
Au lendemain de la Seconde guerre mondiale, les fonctionnaires sont encore très peu nombreux et les prestations sociales tardent à se mettre en place à la Guadeloupe et à la Martinique . Si l’emploi augmente à un rythme assez faible (à peine supérieur à 1% par an), on assiste tout de même à une mutation partielle de l’économie, avec un secteur tertiaire qui partiellement prendra la place de l’agriculture. Entre 1950 et 1970, les revenus des Guadeloupéens et Martiniquais sont multipliés par plus de 26 en volume : leurs conditions de vie s’améliorent rapidement et les besoins essentiels (alimentation, textiles, soins) sont désormais satisfaits.
À compter de la fin des années 60, les transferts de l’État soutiennent l’économie et l’agriculture cède sa place de premier employeur aux services non marchands .De même les services publics se structurent et accompagnent la montée en charge progressive des prestations sociales : dès l’année 1973 est ouverte la Caisse d’allocations familiales et en 1980 l’assurance chômage est mise en place dans les îles des Antilles . Durant cette décennie, les revenus continuent de progresser: ils sont multipliés par 1,7 en volume entre 1970 et 1980. Dans le même temps, les Guadeloupéens et Martiniquais consomment en volume près de deux fois plus. L’emploi, lui, continue de progresser, car le nombre d’emploi a été multiplié par 3 depuis la départementalisation .
L’emploi entre 1982 et 1990 devient plus dynamique, avec un taux de croissance de + 2,7 % par an, notamment avec le commerce et les services marchands. Même si l’alignement sur la « métropole » tarde, les montants versés au titre des prestations sociales continuent d’augmenter. En 1989, le RMI est mis en œuvre à la Guadeloupe et à la Martinique pour la première fois. Le pouvoir d’achat des Antillais progresse avec la même vigueur que sur la décennie précédente et on assiste à un essor des services marchands .
Les années 2000 riment avec l’achèvement de l’alignement des prestations sociales avec » la métropole « . Entre 1999 à 2007, l’emploi augmente dans tous les secteurs avec une vigueur sans précédent, au-dessus de 3 % par an en moyenne. Le pouvoir d’achat des Guadeloupéens et Martiniquais, soutenu par la hausse de l’emploi, augmente rapidement, ce qui leur permet de se rapprocher des standards nationaux en termes d’équipement.
Depuis 2009, les économies de Guadeloupe et Martinique peinent à se remettre de la crise et ne créent plus d’emplois qualifiés au grand dam des classes moyennes !
Fin 2008 et début 2009, La Guadeloupe et la Martinique sont durement frappées par la crise économique internationale et surtout par la crise sociale LKP et 5 KF. L’emploi recule en 2009 car bon nombre d’entreprises ferment et mettent la clé sous la porte . L’ensemble des prestations sociales jouent néanmoins leur rôle d’amortisseur social à la crise, permettant au pouvoir d’achat des Guadeloupéens et Martiniquais de se maintenir notamment avec les accords RSTA et Bino . On assiste également à une stabilisation du nombre de fonctionnaires de l’État, mais si les dépenses des collectivités locales prennent le relais, elles menacent l’équilibre financier de la classe moyenne appelée à supporter désormais tous les efforts à travers une augmentation massive à venir des impôts locaux .
La crise en France se prolongeant voire s’accentuant, le ressenti de la situation économique à l’échelle individuelle des guadeloupéens et Martiniquais s’est probablement renforcé depuis le début de l’année mais reste toujours un phénomène marginal dans leur propre vécu de citoyens gavés par la rente et les avantages matériels de la départementalisation et son corollaire le modéle social de l’Etat providence.
Contrairement à l’optimiste qui pense que « tout finira bien », le pessimiste pense que le réel est à « travailler » car dans ce bas monde, rien n’est immuable et rien n’est jamais établi de façon durable dans cette société en mutation du fait de la mondialisation, des NTIC, et des crises économiques et géostratégique à répétition….Mais cela se passe ailleurs pour le moment, d’ou le déni de réalité actuel. Or, nous savons tous que la société Antillaise est imprégné d’une culture française de la contestation qui fait une large place à l’esprit râleur : réagir de façon émotionnelle et manifester son mécontentement dans la rue ou par des grèves dures, contre l’injustice, fait presque partie des devoirs civiques et moraux en Guadeloupe et Martinique .
Mais cette posture du désespoir et de la tentation de la terre brûlée aurait -t-elle été possible si elle n’avait pas été précédé par un autre effondrement, passé inaperçu,celui de l’effondrement intellectuel et moral de la société Française et surtout Antillaise .
Le plus grave n’est pas que les délires ultralibéraux n’aient pas été contestés. Il est que les intellectuels ont renoncé à comprendre le fonctionnement de la société. Plus d’interrogations, plus de curiosité. Et c’est cette idéologie du “c’est comme ça, il n’y a pas à se poser de questions” qui a été transmise au reste de la société.
La classe moyenne est en Guadeloupe et Martinique , sinon consciente de sa fin, du moins largement sensible aux menaces qui pèsent sur elle.
L’accumulation patrimoniale est de plus en plus hors de portée et elle n’offre plus les mêmes perspectives pour les générations suivantes. Mais le sentiment qui domine la classe moyenne, ce n’est pas la révolte, c’est la volonté de défendre à tout prix l’existant.
Les classes moyennes dont les cadres et techniciens de l’administration et les professions libérales aux Antilles, bientôt victimes de la diminution de la dépense publique et de la révolution numérique ?
Suppressions d’emplois, modifications de l’organisation du travail: la révolution numérique et ses conséquences sur l’emploi suscitent de fortes interrogations chez les économistes et chefs d’entreprises, qui y voient un grand défi pour la classe moyenne . « Les technologies numériques se substituent au travail humain à un niveau jamais vu auparavant », avec en première ligne la classe moyenne qui est « vraiment menacée ».Le président du Cercle des économistes, Jean-Hervé Lorenzi confirme cette tendance, qui « polarise l’emploi entre emplois très qualifiés et très peu qualifiés, avec une disparition progressive des emplois intermédiaires ».le remplacement de l’homme par la machine (ou tout au moins l’algorithme) dans nombre de ses fonctions. Vieille crainte, me direz-vous, d’être remplacé par des machines. Oui, mais réactivée plus que jamais par l’augmentation exponentielle de la puissance de calcul et par le constat de certains des analystes les plus subtils des questions numériques.Ce qu’on craignait depuis la fin du XIXe siècle est en train de se produire, dit Lanier, des machines et des programmes occupent une partie des emplois qui étaient ceux de la classe moyenne, accroissant le fossé entre un prolétariat toujours nécessaire à l’économie numérique et l’élite de cette même économie.Cela fait un peu plus d’un an que la mode de la frayeur des disruptions numériques bat son plein en France. Elle est alimentée par la thématique de l’uberisation, une notion lourde de menaces pour l’hôtellerie et le tourisme aux Antilles . .Sans changements de notre modèle économique et social, seuls les propriétaires des robots et des algorithmes, et quelques professions libérales vedettes et hauts fonctionnaires réussiront à gagner leur vie.
En 2017, la Guadeloupe et la Martinique auront besoin d’un « acte refondateur » : Priorité à la refondation du socle économique ainsi que culturel et à la sécurité.
On entend de plus en plus de personnes se plaindre de la faible cohésion sociale qui existe actuellement dans nos pays , phénomène qui serait selon eux aussi responsable en partie de la flambée de violence dans les pays des Antilles . On reçoit moins ses amis et on s’investit de moins en moins dans les activités associatives .D’après les conclusions d’une enquête publiée sur internet , sept personnes interrogées sur dix considèrent que la cohésion sociale n’est « pas très forte » voire « pas du tout forte ». L’image d’une société fragmentée, individualiste et où les rapports sociaux se délitent domine les représentations, d’un bout à l’autre du corps social. La crise sociétale actuelle a tendance à amplifier ce sentiment.
Il apparaît aujourd’hui une chose évidente, la violence qui sévit est due à ce qui semble être de mauvais choix politiques ou économiques.le corps collectif ne peut plus agir sur l’individu même par la coercition
Il faut regarder la vérité en face : La famille ainsi que le lien social sont en pleine déliquescence .À vrai dire, le problème ne s’arrête pas là et concerne toute la classe politique et économique, de tous bords.
Finalement, quel est le réel problème ? Le but recherché devrait être toujours le même, il faut moraliser la société, que ce soit dans l’économie,(le travail, les relations sociales ) ou dans les mœurs (la cellule familiale ). Le problème aujourd’hui, c’est bien l’individualisme de plus en plus prégnant de la société Antillaise . Au-delà de tous les arguments économiques que l’on peut apporter sur le sujet, il apparaît comme évident que nous sommes, sinon des pays violents avec un vieux fond de collectivisme, mais dans une logique entrant dans cette démarche. À vrai dire, notre méfiance envers les individus, la concurrence, l’échange, les entreprises, la moralité dans les mœurs – et j’en passe – ne provient pas d’une incompréhension économique. Son origine est d’abord philosophique et intellectuelle.
Mais c’est le sens sociologique qu’il faut retenir, l’individualisme est un processus d’émancipation au cours duquel l’individu devient autonome et s’affranchit des règles et des normes issues de la conscience collective.
En poussant encore plus loin la réflexion, c’est-à-dire dans l’analyse de la morale individuelle, alors il apparaît essentiel qu’en prétendant pouvoir mettre en place un vivre ensemble pour lutter contre le phénomène de violence , nous poussons au contraire le curseur vers une société ou la cohésion sociale est minée par des comportements individualistes, à preuve les familles qui cherchent à prendre en charge leurs aînés sont moins nombreuses que par le passé et les liens s’estompent progressivement (on ne visite plus ni parents et encore moins les amis d’antan ).Le sentiment de vivre dans une société fragmentée, divisée, ne se dément pas depuis le mouvement social de 2009, dernier ersatz,d’une société anciennement solidaire . Jamais en Guadeloupe et Martinique, le sentiment de vivre dans une société désunie n’a été aussi fort qu’aujourd’hui, avec pour conséquence une tendance irréversible à amplifier un sentiment d’impuissance et de défaitisme, ainsi l’on constate que non seulement nos jeunes partent , mais également et c’est nouveau , nos seniors qui quittent les deux îles pour rejoindre leurs progénitures en France ou à l’étranger . L’objectif de cette tribune n’est pas de déterminer si la société moderne est devenue individualiste, elle l’est devenue indéniablement,mais d’en mesurer les conséquences négatives en prenant le risque de réduire la démonstration à un jugement de valeur, empreint de subjectivité, mais d’essayer de démontrer et d’expliquer pourquoi la société Antillaise en se modernisant s’individualise sans avoir la protection d’un nouveau socle culturel solide et de fait court inévitablement à sa perte . A notre sens, seule la croissance zéro de l’économie ou encore l’émergence prochaine du phénomène de destruction créatrice de l’économiste Schumpeter, seront refondatrices d’une société de sens pour l’ensemble des Antillais , tout le reste n’est et ne sera que que chimère….
Les dernières annonces de nouvelles lois sociales applicable à la Guadeloupe et à la Martinique dans le cadre du débat salutaire mais stérile de la loi sur l’égalité réelle sont un signal d’alarme. Elles nous disent beaucoup sur la réalité tristement alarmante du retour de la politique d’assimilation sociale . La seule solution, c’est enfin tenir un langage de vérité et de courage pour inciter fortement les Antillais à sortir » de la politique de l’autruche », d’ou l’intitulé de notre chronique » La classe moyenne aux Antilles, une espèce désormais menacée ? »
Cette expression qui rappelle la légende selon laquelle les autruches s’enfouissent la tête dans le sable lorsqu’elles ont peur, ce qui leur évite de voir ce qui les menace. « Appliquer la politique de l’autruche » signifie donc que l’on refuse de voir le danger là où il est.
En fait, le véritable problème des martiniquais et des guadeloupéens est le déni de réalité sur le phénomène en marche de déclassement des classes moyennes !
La seule question qui se pose est celle du mensonge politique et de l’idéologie anti économique. qui gangrène le cerveau de nos élites . Nombreux parmi nous, ceux qui croient encore qu’on peut continuer de dépenser à foison, de distribuer sans discernement, d’accueillir sans en avoir les moyens, de ne pas travailler assez dur pour être plus productif, de soigner sans limites ? Environ 96 % des Antillais peut-être ….., et s’ils l’ont cru, c’est le fait de la désinformation politique, et médiatique.
Cette tension larvée de la vie politique aux Antilles couplée à une crise économique et sociale à venir et qui nul doute se transformera en crise ouverte tant sont prégnant les enjeux de pouvoir sera peut être enfin le choc psychologique salutaire espéré par certains d’entre nous à savoir la catharsis ? C’est le seul phénomène que l’on puisse désormais espérer pour obtenir un effet psychologique décisif destiné à convaincre les Antillais qu’il faut aller de l’avant et accepter de réformer nos pays en remettant en cause en profondeur notre modèle actuel qui ne marche plus en ce temps de crise annoncé .
Nous réitérons que la maïeutique doit être appliqué en Guadeloupe comme en Martinique, tel un recours pour éclairer le débat à venir !
On voit que la situation socio-économique actuelle de la France est en train d’atteindre un point critique. Face à l’exaspération sociale qui monte en flèche, on attend des politiques de droite comme de gauche qu’ils changent de logiciel et sachent parler un langage de vérité à l’endroit des classes moyennes .
On attend juste que les Guadeloupéens et Martiniquais lucides y mettent leur grain de sel, franchement,car la montée d’une « terrifiante solidarité négative » nous menace tous à terme.
Il nous appartient donc d’anticiper et de bloquer tous ces groupes qui voudraient, à un moment ou à un autre,après nous avoir lobotomisé, déclencher des affrontements …au sein d’une société Antillaise désemparée et fragilisée par un avenir de plus en plus incertain …!
Jean-Marie NOL
Economiste financier