— Par Laurance N’Kaoua —
L’organisation internationale, qui ouvre ses portes ce mardi, au Palais Brongniart, à Paris, a publié la troisième édition de son baromètre annuel : dans le monde, une femme sur deux ne touche pas de retraite. Et en entreprise, les stéréotypes demeurent vivaces.
Jugée essentielle par 91 % des répondants en 2020, la bataille contre les inégalités de genre n’est plus prioritaire que pour 77 % d’entre eux.
Ce pourcentage fait frémir. En 2022, seules 45 % des femmes perçoivent une retraite dans le monde. C’est ce que révèle le baromètre du Women’s Forum, ce Davos au féminin qui a ouvert ses portes ce mardi 29 novembre au Palais Brongniart, à Paris.
L’étude, réalisée par Ipsos auprès de 3.500 citoyens des pays du G7, est formelle : « Même dans ces pays qui représentent 46 % du PIB mondial, les femmes de plus de 65 ans basculent plus souvent que les hommes dans la pauvreté », déplore Nadia Caïd, directrice scientifique du Women’s Forum.
Quatre heures non rémunérées par jour
La faute aux temps partiels en cascade, aux congés maternités qui brisent des trajectoires, aux emplois subis et souvent moins qualifiés qu’occupent les femmes… Mais aussi aux charges non payées qui pèsent souvent sur leurs épaules, comme la prise en charge d’un parent.
La société demande à une mère d’élever ses enfants comme si elle n’avait pas de travail, de travailler comme si elle n’avait pas d’enfant et d’avoir l’apparence d’une femme qui n’a ni enfant ni travail.
Ainsi, les femmes passeraient plus de quatre heures par jour à un travail non rémunéré pour leurs proches contre deux heures seulement pour les hommes. Ces manques à gagner, qui grèvent leurs finances, rejaillissent aussi sur leurs retraites.
Or « les populations, en 2022, semblent moins mobilisées par la parité », regrette Nadia Caïd. Jugée essentielle par 91 % des répondants en 2020, la bataille contre les inégalités de genre n’est plus prioritaire que pour 77 % d’entre eux aujourd’hui, sur fond de guerre en Ukraine, de crise énergétique et de pénuries alimentaires. Pourtant, les femmes, oubliées des champs de bataille, sont souvent les premières victimes des conflits armés. D’autant qu’en temps de guerre aussi elles ont charge d’âmes.
En entreprise, les comportements d’un autre âge n’ont pas disparu. Quarante-six pourcents des sondés approuvent encore la phrase : « Vous ne pouvez pas tout avoir. Si vous voulez être une bonne mère, vous devez accepter de sacrifier en partie votre carrière professionnelle. » Tandis qu’un tiers des femmes qui travaillent ont ressenti des pressions quant à leur choix de vie (être mère ou non, célibataire…). Ce chiffre atteint 37 % pour les dirigeantes….
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