— Par Sabrina Solar —
En 2023, la France a enregistré une réduction significative de ses émissions de gaz à effet de serre (GES), marquant une baisse de 5,8 % par rapport à l’année précédente, selon le Centre interprofessionnel technique d’études de la pollution atmosphérique (CITEPA). Cette performance fait suite à une diminution de 2,7 % en 2022 et représente la troisième année avec la baisse la plus marquée depuis le début des relevés. Ces résultats témoignent d’un progrès notable dans les efforts de la France pour lutter contre le changement climatique.
Les facteurs de la réduction des émissions
Le rapport du CITEPA souligne une contribution inédite de tous les grands secteurs émetteurs, incluant l’énergie, les transports, les bâtiments et l’agriculture, à cette baisse des émissions. Cette convergence de réductions sectorielles a été facilitée par plusieurs facteurs conjoncturels. Un hiver doux, le ralentissement économique dû à l’inflation, la réduction de certains vols internes et le redémarrage de réacteurs nucléaires ont tous joué un rôle dans la diminution des émissions de CO2.
Les objectifs et les défis restants
Malgré ces avancées, la France n’est pas encore sur une trajectoire assurée vers ses objectifs climatiques de long terme. L’objectif est de réduire les émissions de GES de 50 % d’ici 2030 par rapport aux niveaux de 1990 et d’atteindre la neutralité carbone d’ici 2050. Bien que la baisse de 5,8 % en 2023 soit un pas dans la bonne direction, le CITEPA rappelle que le rythme actuel de réduction doit non seulement se maintenir mais s’amplifier pour atteindre ces cibles ambitieuses.
Un point crucial reste la gestion de l’UTCATF (Utilisation des Terres, Changements d’Affectation des Terres et des Forêts), secteur qui intègre les puits de carbone comme la biomasse et les sols. Selon le CITEPA, le budget carbone de 2019-2023 n’a pas été respecté, en grande partie à cause de la fragilisation du puits de carbone forestier. Ce déficit souligne la nécessité de renforcer les politiques de gestion des terres pour compenser les émissions résiduelles et atteindre la neutralité carbone.
Les critiques et les poursuites des ONG
Malgré les progrès, plusieurs organisations non gouvernementales (ONG) restent critiques quant à l’efficacité des politiques environnementales françaises. Elles arguent que les baisses récentes sont davantage le résultat de circonstances temporaires plutôt que de mesures structurelles solides. Les ONG poursuivent même l’État français en justice pour inaction climatique, dans une procédure connue sous le nom de « l’affaire du siècle ». Elles exigent des actions plus robustes pour respecter la Stratégie nationale bas carbone (SNBC-2) et accélérer la réduction des émissions.
Bien que les récentes baisses des émissions de GES en France soient encourageantes, elles ne doivent pas masquer les défis persistants. La France doit intensifier ses efforts et mettre en place des politiques durables pour maintenir et amplifier cette trajectoire de réduction afin de respecter ses engagements climatiques à long terme.