Fils d’une femme de ménage et d’un peintre en bâtiment, le galeriste Kamel Mennour est l’une des personnalités influentes de l’art français. Il organise lundi avec douze grands marchands des enchères pour la recherche sur les maladies génétiques chez les enfants.
« Il faut jouer. » La vie, pour ce passionné de football, c’est lancer une balle ou bien savoir la rattraper afin qu’elle atteigne son but. Parfois, elle t’échappe ; parfois, à la faveur d’une passe, tu parviens à sublimer l’échange. Jouer, c’est pour gagner, mais toujours au risque de tout perdre. Son argent ou bien sa réputation, ce qui équivaut au même dans le milieu de l’art.
En 2013, une femme pousse la porte de la galerie Kamel Mennour, un hôtel particulier de 380 m2 situé en plein cœur du Quartier latin, rue Saint-André-des-Arts. Depuis dix ans, tous les grands acheteurs s’y pressent, de Londres à New York via Genève. Mais elle, ce n’est pas pour acheter un tableau. « Je travaille pour un institut de recherche sur les maladies génétiques chez les enfants à l’hôpital Necker. Pouvez-vous nous aider? », demande Karine Rossignol, une ancienne de Chanel devenue secrétaire générale de l’institut Imagine. Passe. Kamel Mennour saisit la balle. « Non seulement je vais vous aider, mais, pour les enfants, on va casser la baraque », répond aussitôt le galeriste. Tandis que la jeune femme parlait, celui qu’une de ses amies, l’artiste Katerina Jebb, résume en un « he’s a primate » pour son acuité instinctive se rappelait une promesse qu’il s’était faite dix ans auparavant.
Promesse tenue
Il venait d’être père pour la première fois. Mais le bonheur est de courte durée. À 15 mois, on découvrait une tumeur chez le nourrisson. Les médecins cherchent mais ne parviennent pas à identifier cette ostéome ostéoïde, une douleur qui touche généralement les sujets adolescents au niveau du système osseux. Annika, l’épouse de Kamel Mennour, quitte son boulot d’architecte et s’installe dans une chambre mère-enfant. Pendant neuf mois, elle veille son enfant alité, constamment en traction avec des poids. Les médecins ont finalement trouvé. Aujourd’hui, le gamin est aussi grand et beau gosse que son père ; et l’aîné de l’ancien fan de Johan Cruyff qui se rêvait footballeur ne rate pas un entraînement. Quand son fils a été guéri, Kamel Mennour a juré devant sa femme : « Un jour, je rendrai. » Ce jour-là est venu, en la personne de Karine Rossignol. En septembre 2015, le galeriste Kamel Mennour a organisé une vente aux enchères de 12 œuvres de ses artistes et de six expériences à vivre. De Catherine Deneuve à François Pinault, tout le gotha s’est déplacé à cette soirée baptisée « Heroes » d’après une œuvre de Claude Lévêque. Et 3 millions d’euros ont été récoltés au profit de l’institut Imagine.
Deux mois après, le galeriste français sillonnait le monde pour donner une suite à sa vente au profit de la recherche. Pour cette nouvelle soirée « Heroes » qui se déroulera demain, Kamel Mennour a sollicité douze des plus grands galeristes du monde (cette initiative est soutenue par le groupe Lagardère, propriétaire du JDD). « Puisque 850 chercheurs de nationalité différente arrivent à travailler ensemble à Imagine, pourquoi des galeristes, qui s’observent normalement en chiens de faïence, ne parviendraient-ils pas à s’entendre autour d’une cause commune?…
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Photo LeFigagoMadame