Texte Sergio Grondin, Audrey Levy, Léone Louis, m.e.s. Sergio Grondin
Perle la pluie entre larmes et fleurs de volcan dans la lumière sombre et claire d’un plateau habité tout entier d’une présence incandescente : c’est celle de Léone Louis, mise en scène par Sergio Grondin à la Chapelle du Verbe incarné. Elle est « de celles qui rêvent à voix haute, forte et claire d’un ordre du monde qui laisserait toujours ouvertes les interrogations sur le couple gémellaire altérité/identité. Elle le fait à partir de son identité de Léone Louis pour retrouver Kala, sa GrandMer Kal, une arrière arrière grand-mère réelle ou imaginaire, peu importe, aux yeux noirs d’ensorceleuse, aux amours inavoués, au corps de feu au désir d’envol malgré ses ailes bisées. GrandMer Kal est la figure de toutes les peurs, celle du volcan, du cyclone, de l’au-delà des mers. Elle est aussi la peur féminine des hommes, du colon bien sûr mais aussi des autres, du regard des semblables en servitude . Elle est sorcière qui porte en ses griffes colonisation et esclavage. Elle est aussi le fouquet prenant son envol libérateur, figure ambivalente présente dans les comptines murmurées aux oreilles des enfants.
Kala est aussi « Madina l’oiseau noir de Salazie plus noire que la nuit plus sombre encore que les yeux des hommes quand ils se déposent sur elle… ».
Elle est encore…
Sur le plateau un lit pour signifier l’intime duquel elle émerge femme-oiseau couleur de suie aux ailes brisées contrainte au mariage et qui n’aura comme seule issue qu’un ultime saut de la falaise. Dont elle renaitra comme un phénix : « in fanm pétrèl, in fanm papang, in fanm Salangane. Puis un fauteuil de salon pour dire la banalité répétée, socialisée à l’infini de ce parcours écrit au corps des femmes.
Kala est une femme libre qui retourne la peur infligée par l’oppresseur en arme de combat et qui impose le respect. Le mythe a fonction réparatrice et même d’émancipation. Le retournement opéré est soutenu et souligné par une musique électro qui accompagne la voixde la chanteuse Kaloune.
La présence sur scène de Léone Louis est lumineuse, elle irradie, portée par un texte longuement discuté avec le metteur en scène Sergio Grondin.
R.S.