Journée Nationale de Lutte contre le Harcèlement Scolaire : mobilisation et sensibilisation en Martinique

— Par Sabrina Solar —

Le 7 novembre 2024 marque la journée nationale de lutte contre le harcèlement scolaire, un événement devenu incontournable dans le paysage éducatif français. Depuis sa création en 2015, cette journée se tient chaque année le premier jeudi après les vacances de la Toussaint et mobilise l’ensemble de la communauté éducative : élèves, enseignants, parents et partenaires institutionnels. L’objectif est de sensibiliser, prévenir et lutter contre le harcèlement scolaire, un fléau qui touche un grand nombre d’élèves à travers la France, y compris en Martinique, où cette problématique est particulièrement préoccupante.

Le programme national de lutte contre le harcèlement à l’école, déployé sous l’initiative « Phare » (prévenir, aider, restaurer et encourager), est un des piliers de cette mobilisation. Depuis sa mise en place, il a permis de structurer des actions de prévention et de sensibilisation dans tous les établissements scolaires, de l’école primaire au lycée. Cette année, les écoles martiniquaises ne font pas exception et participent activement à cette journée. Dans le cadre de « Phare », les établissements scolaires de la Martinique organisent diverses activités pour sensibiliser et éduquer les élèves sur les conséquences dramatiques du harcèlement scolaire. Des conférences, ateliers de prévention, escape games, et jeux de rôles sont au programme, visant à responsabiliser les élèves et à renforcer l’engagement de tous dans cette lutte collective.

Les chiffres relatifs au harcèlement scolaire en Martinique sont alarmants. En 2023-2024, 151 situations de harcèlement ont été recensées dans l’académie de Martinique, dont 54 dans les écoles, 69 dans les collèges et 11 dans les lycées. Ce nombre est en forte augmentation par rapport à l’année précédente, où les cas avaient déjà montré une tendance inquiétante. Le rectorat souligne qu’en 2024, 37 situations de harcèlement ont déjà été signalées depuis la rentrée, ce qui témoigne de la persistance du phénomène. Le harcèlement, sous ses diverses formes (verbale, psychologique, physique), crée un environnement de violence et d’isolement pour les victimes, avec des conséquences qui peuvent être dramatiques, allant jusqu’à des troubles psychologiques graves.

Le ministère de l’Éducation nationale considère la lutte contre le harcèlement comme une *priorité absolue*. Pour y faire face, il met en place un ensemble de dispositifs : des formations pour le personnel éducatif, des actions de prévention dans les établissements, et des outils de signalement comme le numéro vert 3018, qui permet aux victimes et témoins de signaler anonymement les situations de harcèlement. En Martinique, les élèves et les familles sont également encouragés à utiliser ces dispositifs pour signaler toute situation de harcèlement.

Dans cette dynamique, des élèves ambassadeurs « Non au harcèlement » jouent un rôle essentiel. Formés pour sensibiliser leurs camarades, ces jeunes militants sont des acteurs-clés de la prévention, agissant comme relais pour briser le silence autour de cette problématique. Cette année, la journée nationale sera marquée par des événements symboliques, comme ceux qui se dérouleront au Collège Petit Manoir, au Lamentin, où la rectrice de l’académie, Nathalie Mons, sera présente pour rappeler l’importance de cette lutte.

En Martinique des réalités spécifiques

En Martinique, la mobilisation est d’autant plus forte que la communauté éducative est confrontée à des réalités spécifiques. Le harcèlement scolaire s’intègre souvent dans un contexte de violences plus globales, qui peut être exacerbé par des facteurs sociaux et culturels locaux. Ainsi, la lutte contre le harcèlement dans l’île n’est pas seulement une question d’école, mais bien une action collective qui implique l’ensemble de la société martiniquaise : écoles, familles, associations, mais aussi institutions locales.

Le suivi des situations de harcèlement est également une priorité dans l’académie. En plus de l’implication directe des établissements dans le programme « Phare », des actions sont mises en place pour garantir la prise en charge rapide et efficace des cas recensés. Plus de 1000 personnels ont été formés lors de l’année scolaire 2023-2024 pour mieux repérer et traiter les cas de harcèlement, et cette formation se poursuivra cette année. Cette approche proactive vise à renforcer les capacités des équipes éducatives à prévenir, détecter et résoudre les situations de harcèlement de manière rapide et efficace.

La journée du 7 novembre 2024 sera donc un moment crucial de sensibilisation et de mobilisation contre ce fléau. Elle rappelle à chacun, que la lutte contre le harcèlement est l’affaire de tous : « Ton problème, c’est mon problème ». Ensemble, élèves, enseignants, familles et institutions, nous devons continuer à nous engager pour un environnement scolaire plus sûr, respectueux et inclusif pour tous.