La Journée du patrimoine sera l’occasion pour le public de découvrir le fruit des recherches menées par Michèle LEONARD, retraitée de l’éducation nationale, chercheuse martiniquaise et auteure de nombreux ouvrages sur l’histoire et l’archéologie en Martinique.
Lors d’une conférence-débat, l’auteure présentera son livre intitulé « Les établissements religieux en Martinique du 17e siècle à 1902 ». Un ouvrage né de ses propres recherches et celles existantes déjà sur le sujet.
Très attachée à l’histoire des Antilles et passionnée d’histoire locale, Michèle LEONARD a été mise à disposition du Ministère de la Culture de 1989 à 1993 pour effectuer des recherches sur la ville de Saint-Pierre avant 1902. Au cours de ce travail, elle a été frappée par la présence de nombreuses communautés religieuses propriétaires d’importants établissements hospitaliers, d’éducation ou industriels situés au Nord de l’île.
Le grand mérite de cet ouvrage est de donner toute une place aux congrégations religieuses qui dans les possessions françaises de l’Amérique tropicale, ont oeuvré souvent, dans l’ombre, portant assistance aux malades de tous bords et cherchant à instruire les enfants de toutes origines : blancs, noirs, Mulâtres… Un focus sera fait sur l’ordre religieux des Dominicains. Une thématique qui prend tout son sens en cette journée du patrimoine puisque les moines Dominicains dont le plus célèbre d’entre eux se nomme Le Père Labat ont particulièrement marqué l’Habitation Fonds Saint-Jacques.
Pendant cette journée, le jeune public s’initiera à un atelier inédit de modélisation 3D grâce à l’équipe de Parallèle 14. Le public pourra également découvrir d’autres facettes de l’histoire de l’Habitation à travers des visites guidées ou libres ainsi qu’une exposition sur les « Plantes de la résistance et de la subsistance des esclaves ».
Propriété de la Collectivité Territoriale de la Martinique, l’histoire de l’Habitation Fonds Saint-Jacques commence avec les débuts de la colonisation des Antilles et singulièrement de la Martinique. L’Habitation Fonds Saint-Jacques a été créée en 1658 par les Frères Prêcheurs dominicains suite au legs des terres de la veuve du Gouverneur Jacques Duparquet.
L’Ordre des Dominicains arrive en Martinique, en 1654, sous l’ordre du gouverneur Jacques Duparquet afin d’assurer les offices, s’occuper des malades, d’assurer une formation religieuse et transmettre les préceptes de la civilisation européenne. Les Dominicains s’installent, tout d’abord à Saint-Pierre, mais ils sont confrontés aux Jésuites, seuls missionnaires autorisés à fonder les premières paroisses de l’île. Cette confrontation s’accentua lors de la guerre contre les caraïbes (1654-1658). Les deux ordres religieux décidèrent que les futures paroisses de la côte atlantique de l’île reviendraient à l’ordre qui arriverait à chasser les amérindiens. Lors de l’expédition, menée par la veuve du gouverneur Duparquet, les Dominicains participent à l’extermination des amérindiens de l’île et étendent leur pouvoir sur le territoire de la Cabesterre.
Les terres de Fonds Saint-Jacques sont attribuées en concession aux Dominicains pour les services rendus. Les religieux bâtissent sur ces terres : un couvent, une sucrerie et une église. Ils nommèrent l’Habitation « Fonds Saint- Jacques » en l’honneur du gouverneur Jacques Duparquet.
A ce moment, l’Habitation Fonds Saint-Jacques est le premier centre religieux de la Cabesterre. La paroisse de Sainte-Marie se constitue en 1663 autour de l’Habitation Fonds Saint-Jacques. En 1659, le Père Boulogne, principal artisan de la victoire contre les amérindiens, commence l’exploitation du site. L’Habitation Fonds Saint- Jacques occupe 200 hectares qui se divisent en plusieurs hectares de cultures vivrières, de tabac, de manioc, de canne à sucre, de savane et de bois. Sous l’autorité de son successeur, le Père du Temple, l’Habitation évolue et commence la production de tafia et de sucre. Il remplace les premiers édifices en bois par des constructions en maçonnerie.
En 1694, avec l’arrivée du Révérend Jean- Baptiste Labat dit «Père Labat», l’Habitation Fonds Saint-Jacques se modernise et étend son modèle d’habitation sur l’ensemble de l’île. Sous son impulsion, la sucrerie et le moulin sont achevés et la construction de la purgerie commence. Le Père Labat débute la production de sucre et de rhum dès 1697. Il améliore les techniques de distillation du rhum et établit un modèle de sucrerie à six chaudières, qui fut adopté sur la majorité des sucreries de l’île. La gestion du Père Labat permit l’augmentation des rendements de l’habitation. A son départ en 1704, l’Habitation sucrerie produit 190 000 livres de sucres bruts, 40 000 de sucre blanc et 12 000 de sucre sirop, et compte environ 120 esclaves.
L’Habitation sucrerie monastique connaît son apogée en 1768. Elle s’agrandit à 230 hectares avec l’achat des propriétés environnantes: Limbé, l’Union et Pain de sucre, vers le Marigot. L’Habitation Fonds Saint-Jacques possède alors près de 1000 esclaves et produit, selon Théodore Baude, 88 boucauts de sucre, 84000 litres de tafia, 1000 barriques de café, sans compter les têtes de bétail et les cultures vivrières. Après la Révolution Française et l’abolition de l’esclavage, l’Habitation amorce une lente décadence, confirmée à partir de 1852 par la location, puis la mise en régie du site.
Lieu de mémoire et site patrimonial important, comme en témoignent les fouilles archéologiques de 1988 de l’ancienne exploitation sucrière, l’Habitation Fonds Saint-Jacques est aujourd’hui, un lieu incontournable à visiter en Martinique.
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Programme
Entrée libre
Matinée
10h30 : Conférence-débat « Les établissements religieux en Martinique du 17e siècle à 1902 » par Mme Michèle LEONARD DE LACOURT, historienne Les visites guidées de l’Habitation Fonds Saint-Jacques
9h30, 11H30, 15h30 : Visites guidées
9h30 à 17h : Visites libres
Activités ludiques et pédagogiques
9h30-17h : Visites libres de l’exposition « Plantes de la résistance et de la subsistance des esclaves »
L’occasion sera donnée aux visiteurs de découvrir une exposition intitulée «Plantes de subsistance et de résistance des esclaves » en partenariat avec le Musée Régional d’Histoire et d’Ethnographie. Il faut y voir deux objectifs pédagogiques essentiel : nous éclairer sur l’un des moyens de résistance de l’esclave et nous réapprendre les différents apports civilisationnels.
10h30-12h : Atelier de modélisation 3D à partir des bâtiments du Domaine
Cette activité ludo-pédagogique a pour objectif à la fois de développer le sens de l’observation et également initier à l’utilisation d’outils modernes et innovants.