Journalisme en deçà et au-delà …

— Par Yves-Léopold Monthieux 

Dans un article paru en 2018, on relève l’anecdote mettant en scène un journaliste communiste résidant dans la banlieue parisienne qui avait été invité par le PPM. Celui-ci venait de participer à un repas plantureux organisé en son honneur par un dignitaire du parti. Surpris, il n’avait pas reconnu la situation misérabiliste qu’on lui avait annoncée. En regagnant son hôtel, il manifesta quelque agacement pour l’abondance des agapes auxquelles il venait de prendre part. Le militant qui l’accompagnait l’avait bien compris et avait cru devoir faire un crochet au quartier Volga Plage pour remettre l’opinion de son hôte dans le bon sens. « Je vois bien, dit-il sur le ton de l’énervement, que vous voulez me montrer un quartier pauvre ». En passant devant l’épicerie du coin, il demanda au chauffeur de s’arrêter, puis tous deux pénétrèrent dans le lolo. « Voyez ces marchandises, dit-il à son interlocuteur (une bonne dizaine de produits), en Russie, on ne peut les trouver que dans des magasins réservés aux riches. Et encore ! »

Ce samedi 7 septembre 2024, un reportage télévisé sur la cherté des prix fut consacré au relevé, par leurs victimes, des misères individuelles de certains manifestants de Genipa. La parole fut ensuite donnée à un profiteur des circonstances qui, en des lieux improbables, revend à la pièce des produits achetés au …supermarché. Aux clientes interrogées, visiblement satisfaites, le journaliste n’a pas demandé si l’huile ou le sucre achetés dans ces conditions leur coûtaient moins cher. Au revendeur, il n’a pas été demandé pourquoi il avait les yeux aussi brillants. En 2018, le journaliste russe avait été plus perspicace.

Fort-de-France, le 07 septembre 2024

Yves-Léopold Monthieux