— Par Sabrina Solar —
Le 1er août 2024 marque une date symbolique et préoccupante : le Jour du Dépassement, moment à partir duquel l’humanité a consommé toutes les ressources naturelles que la Terre peut régénérer en une année. Selon les calculs de l’ONG Global Footprint Network, cette date est intervenue un jour plus tôt qu’en 2023, signalant une aggravation de notre empreinte écologique mondiale. En d’autres termes, durant les cinq prochains mois, nous vivrons « à crédit », épuisant des ressources que la planète bleue ne peut reconstituer à temps.
Une consommation effrénée
Depuis 1970, la date du Jour du Dépassement n’a cessé de reculer, passant du 29 décembre à début août en 2024. Ce déclin reflète l’augmentation incessante de notre consommation de ressources naturelles. Mathis Wackernagel, président et co-fondateur de Global Footprint Network, explique que « bien que cela puisse sembler contre-intuitif, il est possible de consommer plus que ce que la nature régénère, tout comme on peut dépenser plus que ce que l’on gagne en comptabilité financière. »
Disparités mondiales et inégalités
Le calcul du Jour du Dépassement révèle de profondes inégalités entre les pays. Par exemple, le Luxembourg a atteint son propre jour du dépassement dès le 20 février 2024, tandis que des pays comme la Croatie et le Portugal l’ont atteint le 28 mai. Si tous les habitants de la Terre vivaient comme les Européens, il nous faudrait trois planètes pour satisfaire leurs besoins. Les disparités sont encore plus marquées entre les continents : un Africain utilise en moyenne 50 litres d’eau par jour, contre 150 litres pour un Européen et 300 litres pour un Américain.
Impacts écologiques et biodiversité menacée
La pression excessive sur les ressources naturelles entraîne des conséquences désastreuses pour la biodiversité. En effet, 34 % des poissons sont surexploités, 1 300 espèces de mammifères sont menacées par la chasse, et 12 % des espèces d’arbres sauvages sont fragilisées par la surexploitation du bois. Allain Bougrain-Dubourg, président de la Ligue pour la protection des oiseaux (LPO), souligne que la biodiversité est souvent négligée au profit des préoccupations climatiques, malgré son importance vitale pour l’humanité.
Solutions et appels à l’action
Face à cette situation alarmante, des voix s’élèvent pour appeler à une prise de conscience collective et à des actions concrètes. Sylvain Waserman, président-directeur général de l’ADEME, insiste sur la nécessité de revoir nos modes de vie et de consommation : « Privilégier les circuits courts, consommer des fruits et légumes de saison, acheter des produits reconditionnés ou d’occasion, nous avons tous les moyens d’agir. » À l’échelle individuelle, des gestes simples comme réduire le gaspillage, acheter des biens de seconde main, et privilégier la mobilité douce peuvent contribuer à réduire notre empreinte écologique.
Une urgence politique et économique
Pour inverser la tendance, des mesures politiques fortes sont nécessaires pour préserver les écosystèmes et limiter l’impact des activités humaines. Les tensions écologiques s’accumulent année après année, et il est crucial d’agir maintenant pour éviter une détérioration irréversible de notre planète.
En conclusion, le Jour du Dépassement est un rappel puissant de notre responsabilité collective envers la Terre. Il appelle à une transformation profonde de nos comportements et de nos politiques, vers davantage de sobriété et de respect des limites planétaires.