— Le n°273 de « Révolution Socialiste », journal du G.R.S. —
Invité à l’émission Sa-w ka di de Bertrand Caruge, Philippe Pierre-Charles a pu expliquer : après le 10 novembre, les réunions-débats continueront avec d’autres forces militantes dans la perspective de transformer le mouvement populaire, consulté à la queuleuleu par le Congrès des élu-e-s, en acteur collectif dans une situation marquée par de multiples urgences.
Il est essentiel que toutes les forces populaires saisissent leurs propres responsabilités. Il ne s’agit pas de se mouler passivement dans le cadre concocté par Serge Letchimy et ses camarades, ni de rester sur les bas-côtés en se cantonnant dans les trois v : verbaliser, vitupérer, vilipender !
Il faut agir, peser sur la situation, créer un rapport de force pour que la nouvelle séquence politique ouverte par le fameux Appel de Fort-de-France, ne finisse en eau de boudin d’après Nwel ! Cela suppose des échanges constructifs, non sectaires, tournés vers l’action. Chacun mesure le défi.
L’expérience qui commence va à l’encontre d’habitudes tenaces. La bonne nouvelle, c’est que les premiers retours sont positifs, la curiosité certaine même si l’enthousiasme seul ne suffira pas à bousculer les scepticismes. Il faudra y ajouter la capacité de convaincre, l’humilité et la ténacité. Submergé-e-s par les urgences à toutes les échelles (Martinique, dernières colonies, France, monde), nous n’avons guère le choix. Faire face et inventer notre futur.
Jeudi 24 novembre, au Téat Otonom Mawon de la Croix-mission à Fort-de-France, Gilbert Pago reviendra sur l’expérience de la Convention du Morne–Rouge et sur l’assemblée constituante, Francis Carole (dont la dernière intervention suggérait une forme d’unité anticolonialiste), Serge Crispin (dont on connaît les fortes convictions politico-culturelles), Marcel Sellaye (accroché à la fusion étroite du social, du politique, de l’écologique), introduiront le débat avec le public qui aura fait le déplacement, nous espérons en nombre. Nous espérons y retrouver des représentant-e-s des partis présents le 10 novembre mais aussi des futur-e-s intervenant-e-s des débats d’après dont la liste, fort heureusement, s’allonge. Nou ka atann zot !
Ouvrez vos agendas!
Jeudi 24 novembre 18h au Téat Otonom Mawon à la Croix–mission : débat politique sur la situation avec Francis Carole, Serge Crispin, Gilbert Pago, Marcel Sellaye
Samedi 26 novembre au Carbet dès 18h30 : une page glorieuse de la lutte de nos ancêtres, évoquée par Gilbert Pago.
Dimanche 4 décembre à 10h, meeting avec Rachel Keke, l’U.F.M. et la C.D.M.T. (lieu à préciser)
Rachel Keke et Tiziri Tandi chez nous début décembre !
Quelles que soient les nuances, les différences, les divergences, nous avons été nombreuses et nombreux à voir l’irruption dans l’Assemblée Nationale française de cette gouvernante combattante, celle qui avait conduit la longue grève des femmes de chambre dans une entreprise de la propreté, sous traitante de la chaine hôtelière Ibis !
Au sein de La France insoumise, cette militante C.G.T. faisait revivre la belle tradition des députés ouvriers du P.C. d’antan. Rachel Keke nous offre le symbole des évolutions du monde du travail en France et dans une grande partie du monde. Ce n’est pas une ouvrière de la métallurgie, mais une travailleuse de ces services indispensables au fonctionnement de toute société, dont le statut est pourtant marqué par la précarité et l’exploitation la plus éhontée.
À l’égard de cette fraction du prolétariat, souvent issue de l’immigration (Rachel Keke est d’origine ivoirienne), la bourgeoisie française est plutôt schizophrénique : elle a de plus en plus besoin de cette force de travail pour effectuer les tâches mal payées, dont les indigènes français ne veulent guère, mais elle se plaît à distiller dans la société la xénophobie doublée de racisme pour mieux diviser la classe ouvrière toujours perçue, avec raison, comme le potentiel fossoyeur du système.
Tiziri Tandi est moins connue, mais sa présence est tout aussi importante. Responsable syndicale C.G.T. pendant la grève en question, aujourd’hui travaillant avec la C.N.T. (Confédération Nationale du Travail), et attachée parlementaire de Rachel Keke, elle cumule une riche expérience syndicale et politique qu’elle aura à cœur de partager.
Bienvenue à ces deux combattantes. Bravo et merci aux deux organisations invitantes, l’U.F.M. et la C.D.M.T.
Au prochain numéro de R.S., nous donnerons le programme ! D’ores et déjà retenez les dates :3,4,5,6,7 décembre !
Chlordécone : le tribunal parisien ne veut rien entendre
Le tribunal chargé de répondre aux plaintes contre les empoisonneurs au chlordécone vient d’envoyer un message cynique à tous ceux, toutes celles, qui croient en son impartialité.
Aux avocats qui avancent de nouveaux éléments au dossier, avec les témoignages d’ouvriers et d’exploitants agricoles ayant répandu ou demandé de répandre le chlordécone après les dates d’interdiction, le tribunal répond par un refus de les entendre.
La répartition des tâches est implacable : la majorité parlementaire refuse la réintégration des personnels non vaccinés. Le tribunal refuse toute recherche d’éléments nouveaux dans le crime chlordécone. A nous de tirer les leçons !