— Par Yves-Léopold Monthieux —
Dans mon livre MARIE-JEANNE, la fin d’une époque, j’écrivais :
« Le crime de parricide n’a pas eu lieu, ou pas encore, au moment où s’écrivent ces lignes [décembre 2014], mais il y a un tel désordre dans la famille qu’il n’est plus utopique d’envisager l’éclatement du MIM et l’émergence de l’axe NILOR – AZEROT (…) Ne dit-on pas que Jean-Philippe NILOR, qui n’est plus très à l’aise dans un parti indépendantiste, serait depuis longtemps acquis à cette idée. La réponse se trouve peut-être dans cette déclaration alambiquée du député qui laisse pantois plus d’un affidé du MIM. Il a affirmé, le dimanche 30 novembre 2014 à la télévision, qu’il n’est pas indépendantiste mais « anti-dépendant ». Comprenne qui pourra : il ne lui resterait peut-être plus qu’une marche à franchir pour intégrer la famille autonomiste. »
N’est pas BRUTUS qui veut et lorsqu’on veut tuer le père il est dangereux de manquer sa cible. Le processus a été lancé et seule la victoire inattendue de GRAN SANBLE POU BA PEYI-A AN CHANS à l’élection de la CTM semble avoir repoussé l’échéance fatale. Contrairement au scrutin de 2011, Alfred MARIE-JEANNE le sait, l’éventuelle victoire de Jean-Philippe NILOR, en 2017, ne serait pas la sienne. Bien au contraire, elle pourrait signifier l’émancipation de l’ex-dauphin. Serge LETCHIMY se contente-t-il de regarder les choses se faire de loin, à la jumelle ?
Malgré sa mésaventure de décembre 2015, le dernier président de la région tient le PPM d’une main de fer. Et ses lieutenants en font parfois les frais. Après l’annulation rocambolesque de sa candidature à la mairie de SCHOELCHER, sa figuration en position non-éligible sur la liste EPMN à la CTM, sa défaite par un candidat de dernière heure à la fonction de secrétaire général du PPM, Daniel CHOMET vient de recevoir un nouvel affront. Seul candidat à la candidature pour la circonscription du nord, les instances du PPM ne l’ont désigné que par une petite majorité des présents alors qu’il n’avait pas de concurrent. Dans quelques années on aura peut-être oublié le talent que Dany CHOMET a exprimé au cours des missions qui lui ont été confiées. Par ailleurs, ravalant les réticences, tous sont montés dans la voiture aux côtés de Serge LETCHIMY pour aller co-célébrer le soutien à la candidature de Manuel VALLS à la présidence de la république. Ils ont finalement avalé la couleuvre de la déclaration de celui-ci sur les White et les Blancos.
C’est dire que devraient être vite balayées les irritations que pourraient exprimer les puristes du parti à l’idée de la venue de Jean-Philippe NILOR au PPM. Un signe ne trompe pas, qui n’apparait pas comme une démarche d’affrontement : la désignation pour la circonscription du sud d’un candidat qui n’est que l’opposant du maire de la plus petite commune de la circonscription. Déjà que le candidat EPMN du nord n’apparaît pas davantage comme un candidat de combat contre le sortant. Eu égard à la forte solidarité du tandem AZEROT – NILOR, il est difficile de croire que la stratégie de séduction affichée pour l’un ne le soit pas pour l’autre, de façon moins ouverte, bien évidemment. Faute de pouvoir vaincre sur le terrain, les circonstances pourraient lui permettre de ramasser la mise en s’annexant le vainqueur avec armes et bagages.
Alfred MARIE-JEANNE n’a certainement pas la naïveté de croire à un raccommodage possible et durable de la cassure qui s’est produite entre son ancien protégé et lui. Par ailleurs, il est trop fin politique pour n’avoir pas très tôt compris que Jean-Philippe NILOR, qui a des difficultés à voler de ses propres ailes, pourrait rejoindre son pire ennemi. Il ne croit pas en une stratégie autonome de celui qui est moins attaqué par l’opposition au sein de la CTM que les autres élus de premier plan de la majorité. Peut-il assister, impuissant, à une possible fissure de la majorité de la collectivité qu’il dirige ? Pour l’instant, le patron du MIM ne s’est pas ouvertement séparé de son ex-dauphin et laisse à d’autres le soin d’instruire le procès en trahison de celui-ci.
Fort-de-France, le 14 janvier 2017
Yves-Léopold Monthieux