Tropiques-Atrium du 31 mars au 30 avril 2016
— Par Christian Antourel —
L’exposition proposée par Atrium Tropiques apparaît tel un dispositif performeur, à l’image de la façon dont s’organise et se déploie depuis plusieurs années le travail de Jean-Baptiste Barret autour de la perception des lieux et des paysages. Toutes ces formes ont des caractères communs qui tiennent à la nature de son art et le distinguent de tout autre mode de représentation et d’expression.
L’artiste aurait donc ce don de percevoir le monde autrement que ne le font les hommes ordinaires : ceux-ci ne retiennent des choses que l’utilisation qu’ils peuvent en faire dans le discours d’une sociabilité, ces images banales qu’évoquent le langage commun ; l’artiste lui, les perçoit dans « leur pureté originelle » il nous dévoile la réalité. Si nous pouvions rentrer en communication immédiate avec les choses et avec nous-mêmes, nous serions tous artistes, car notre âme vibrerait continuellement à l’unisson de la nature Photographe Jean Baptiste Baret participe à la représentation du réel en créant des images plus ou moins fidèles il « invente les figures d’une mythologie chimérique » et distille son art.
C’est sa perception plus aigüe des choses qui rend l’artiste capable d’éprouver en face d’elles des émotions qui touchent moins visiblement ou
plus rarement les autres hommes. Si l’esthétique à pour tâche de définir les caractères spécifiques de la représentation et de l’expression artistiques seul l’artiste sait la vision plus directe de la réalité, un désintéressement inné par son intensité, sa profondeur, et sa plénitude exaltante.
Portraits masqués imaginaires
L’imagination des artistes est souvent sans limite et c’est bien normal la limiter équivaudrait à un crime de lèse majesté contre la créativité. Mais où va nicher cette créativité, quels chemins de traverse empruntés plonge cette réflexion sur le monde dans une marmite magique d’où ils s’ingénient à nous faire voir quelque chose de ce qu’ils ont vu : par des arrangements rythmés d’images qui arrivent à s’organiser ensemble et à s’animer d’une vie originale, Jean-Baptiste Barret nous suggère, des choses que le langage n’est pas fait pour exprimer, l’œil pour décrypter. A partir de L’Odyssée, épopée grecque antique d’Homère il évoque une mythologie fiction par le biais d’une allégorie de portraits masqués imaginaires, où sous l’influence de la Gorgone, femme malfaisante et très laide, des regards emplis de questions. Nos yeux désorientés cherchent leurs prunelles d’Orixa immobiles statuettes divinités afro-américaines venues des traditions religieuses Yoruba d’Afrique qui exhalent dans l’image, l’émanation sacrée d’un baume à l’insaisissable puissance, mais en réalité « tentative d’incarnation anachronique, une recherche de sens par-delà l’absurdité »
Quand l’artiste va jusqu’à faire porter ces masques par des modèles pour ouvrir à la liberté des potentiels que chacun pourra y invertir… C’est comme si tout recommençait, la vie, l’espérance devant le merveilleux, le miraculé voyage de la vie.
Pratique :
A Tropiques Atrium
Galerie Arsenec
Du 31 mars au 30 avril 2016
Entrée gratuite, tout public
Horaires :
Du mardi au vendredi 13h- 18h
Le samedi 10h-13h.
Information
05 .96. 70. 79. 29.
05. 96. 60. 78 78
Christian Antourel
Texte paru dans Le Magazine France-Antilles