Le 25 avril sur Arte à 20h50
« Je ne suis pas votre nègre » (2015, 87 minutes) réalisé par Raoul Peck avant une sortie en salles prévue aux alentours du 10 mai qui sera accompagnée de débats. À partir des textes de l’écrivain noir américain James Baldwin, Raoul Peck revisite les années sanglantes de lutte pour les droits civiques, à travers notamment les assassinats de Martin Luther King Jr., Medgar Evers et Malcolm X. Avec pour voix off la prose combative de Baldwin dite par Joey Starr (Samuel L. Jackson pour la version anglaise), ce documentaire, primé à maintes reprises, offre un voyage saisissant au cœur d’une société américaine au bord de l’implosion.
À partir des textes de l’écrivain noir américain James Baldwin (1924-1987), le cinéaste Raoul Peck revisite les années sanglantes de lutte pour les droits civiques, à travers notamment les assassinats de Martin Luther King Jr., Medgar Evers et Malcolm X. Un éblouissant réquisitoire sur la question raciale.
En juin 1979, l’auteur noir américain James Baldwin écrit à son agent littéraire pour lui raconter le livre qu’il prépare : le récit des vies et des assassinats de ses amis Martin Luther King Jr., Medgar Evers, membre de la National Association for the Advancement of Colored People (NAACP) et Malcolm X. En l’espace de cinq années, leur mort a traumatisé une génération. En 1987, l’écrivain disparaît avant d’avoir achevé son projet. Il laisse un manuscrit de trente pages, Notes for Remember this House, que son exécuteur testamentaire confiera plus tard à Raoul Peck (L’école du pouvoir, Lumumba).
Colère froide
Avec pour seule voix off la prose fiévreuse et combative de Baldwin, le cinéaste revisite les années sanglantes de lutte pour les droits civiques, les trois assassinats précités, et se penche sur la recrudescence actuelle de la violence envers les Noirs américains, ce qui confère une troublante actualité aux propos de l’écrivain. James Baldwin ne se contente pas de dénoncer les violences et les discriminations à l’égard des Noirs, la terreur dans laquelle lui et ses semblables vivent. Il s’attaque à ce qui, dans la culture américaine, et le cinéma hollywoodien en particulier, s’obstine à fausser la réalité : l’innocence factice, l’héroïsme côté blanc, la souffrance, la faiblesse côté noir, sans oublier les hypocrites scènes de réconciliations raciales. « Les Blancs doivent chercher à comprendre pourquoi la figure du nègre leur était nécessaire », assène-t-il lors d’une allocution télévisée. À ce commentaire, à mi-chemin entre colère froide et implacable réquisitoire, dit par JoeyStarr (Samuel L. Jackson assurant, lui, la version anglaise) répond, dans une alchimie impeccable, un fascinant flot d’images (reportages, archives, extraits de films, photos) qui nous propulse au cœur de l’identité américaine, voire occidentale, de ses cruautés et de ses faux-semblants. En plus de rendre hommage à un écrivain majeur, ce documentaire, primé à maintes reprises, offre un voyage saisissant au cœur d’une société américaine au bord de l’implosion. L’un des plus beaux films de Raoul Peck qui, à l’instar de Baldwin, porte sur son sujet un regard sensible et engagé.
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