Engagée! Dans toutes les acceptions les plus nobles du terme. D’abord dans son métier dont elle explore systématiquement, avec méthode et détermination toutes les palettes, ensuite dans chaque le mode d’expression retenu, sur scène elle impose avec force une présence dont l’évidence n’est pas à questionner. Les arts de la scène sont pour elle les espaces d’une construction identitaire, artistique et culturelle, qu’elle s’approprie avec un professionnalisme, pas si courant en Martinique. Elle a voulu maîtriser les modalités de l’interview qu’elle nous à accordé et qu’elle considère comme une des dimensions de son métier. Quand elle est interrogée sur son intérêt ou son désintérêt pour ce que tout un chacun connait comme les « auteurs du répertoire », à savoir les Tchékhov, Shakespeare, Brecht, Molière, etc. elle fait semblant de ne pas comprendre la question, quand celle-ci se précise elle cite des auteurs contemporains dont la plupart ont une aura limitée, il faut bien le constater, au champ culturel caribéen. Comme si la recherche identitaire qui la porte était confondue, absorbée par une recherche illusoire des racines ou la quête mythique des origines ( cf. article de Jean-Bertrand Pontalis ). C’est le danger qui la guette que de se laisser absorber par le tropisme de l’insularité. Foi de néophyte d’une martiniquaise néo-implantée? Nostalgie d’un retour vers un ailleurs qui n’a pas été et qui n’en est que plus désirable? Le balancier d’avoir été trop retenu de l’autre côté de l’Atlantique n’en revient-il qu’avec plus de force, plus d’élan de ce côté ci? C’est évidemment dans son aptitude à gérer la multiplicité de ses formations culturelles, sans en mutiler aucune, qu’elle tirera la force, l’originalité et l’intérêt pour un public de faire carrière. Encore une fois le précepte d’Edouard Glissant la concerne au premier chef : « Agis dans ton lieu, mais pense avec le monde« . On découvrira dans l’entretien ci-après une jeune femme dont l’étendue des talents n’a d’égale que la solidité et la résolution avec lesquelles elle souhaite les faire vivre et qui donc ne manque pas de s’interroger sur la politique culturelle en œuvre, ici dans son pays. A suivre.