REVUE DE PRESSE – Le rappeur sort le 9 juillet Magna Carta Holy Grail, un disque ni bon ni mauvais, selon la critique, dans lequel il évoque sa femme, sa fille et ses peurs.
Jay-Z nous fait-il le coup de l’album de la maturité? Cela y ressemble bien avec le douzième album studio du rappeur. Un million de privilégiés ont pu écouter Magna Carta Holy Grail jeudi en téléchargeant une application qui leur donnait un accès excusif au disque. Depuis, les critiques fusent. Magna Cartaest sans doute l’œuvre la plus sage de Jay-Z, mais pas forcément la plus réussie.
«Le rappeur qui possède tout – succès, célébrité, voitures, fringues, œuvres d’art et une femme exceptionnelle – commence à se demander à quoi sert tout cela», * félicite The New York Times . Même s’il garde la même fierté à évoquer son patrimoine (il liste ses Basquiat, Maybach, Lamborghini) et à parler de lui (il se compare, rien que ça, à Michael Jackson et Mohammed Ali), Jay-Z est «moins vaniteux» et sa musique «plus ambivalente», apprécie le quotidien new yorkais. L’artiste a changé. Fini les injures à toutes les phrases, ses textes parlent désormais de l’histoire de l’esclavage, du rôle historique de Barack Obama ou encore de la vision américaine de Cuba, énumère The New York Daily News .
Plus spirituel, il reprend Smells Like Teen Spirit de Nirvana, s’étonne le LA Times. «Here we are now, entertain us, I feel stupid and contagious», chante Jay-Z sur le titre Holy Grail, accompagné d’un Justin Timberlake à la voix perchée. Le rappeur évoque alors la célébrité, décrite comme un fardeau attrayant. «Quelque chose qu’il désire ardemment mais qui pourrait le rendre fou», analyse le New York Times. «Son point de vue est celui de quelqu’un qui a accompli beaucoup de choses, mais n’a pas perdu de vue ce qui l’a amené à ce stade», estime, laudateur, . Jay-Z rend également hommage à REM sur la chanson Heaven, une «boucle entêtante, très bien ficelée», saluent les Inrocks.
«La carte de la sécurité»
Magna Carta Holy Grail n’est pas seulement «plus réfléchi et moins blin bling», comme le souligne le New York Daily News, mais aussi plus intime. «C’est le premier disque de Jay-Z en tant que papa», relève The New York Times. Sa fille Blue Ivy, née en janvier 2012, est une chanson a elle toute seule. Jay-Z Blue (Daddy Dearest), «sûrement le titre le plus vulnérable et conflictuel», évoques les peurs et les doutes du rappeur face à la paternité. «Mon père ne m’a jamais appris à devenir un père, chante-t-il. Je fais de mon mieux. Je mentirais si je disais que je n’avais pas peur.» L’autre femme de sa vie, Beyoncé, est aussi présente sur le disque. Dix ans après leur premier duo Bonnie & Clide, le couple refait équipe sur Part II (On The Run). Le morceau est réussi. La voix «sulfureuse» de Beyoncé envoie «du glam», de la «douceur», «repose et apaise, sans effusion ni abus de corde vocale» (LesInrocks).
«On aurait aimé sentir un peu plus de transpiration.»
Billboard
Si du côté des textes, Jay-Z fait donc des progrès, musicalement, Magna Carta Holy Grail ne serait pas le plus abouti de ses disques. Beach is Better est raté, La Familia est «banale», FUTW est «frustrant». Le rappeur se contente d’une «production minimale» qui ne restera pas dans les annales du hip hop. L’album est un mélange de pop à la Empire State of Mind, de rock swing à la 99 Problems et de musique électro soul à l’image de Watch the Throne (l’album que Jay-Z a composé avec son ami Kanye West). «Magna Carta Holy Grail est un album de transition. Jay-Z semble fatigué de la pop mais n’a pas encore trouvé d’alternative», développe The New York Times. «Cest un bon album», juge le LA Times avec des «mélodies inégales» selon Les Inrocks.
Jay-Z est toujours «au top», relativise USA Today. Le rappeur joue la carte de la sécurité, croit savoir Billboard. «Il s’entoure d’amis célèbres; Beyoncé, Nas, Justin Timberlake, Frank Ocean et Timbaland. L’album est dans la même veine que Watch the Throne. On y parle seulement davantage de lutte des classe. Cela ne veut pas dire que le disque n’est pas bon – il l’est- mais on aurait aimé sentir un peu plus de transpiration.»
http://www.lefigaro.fr/musique/2013/07/05/03006-20130705ARTFIG00649-jay-z-un-album-plus-reflechi-et-moins-bling-bling.php
* On notera le machisme de la formule ( NdR M’A)