L’histoire des jardins de la Martinique a débuté bien avant la colonisation européenne de l’île et a été alimentée au fil des siècles par la venue, volontaire ou forcée, d’hommes et de femmes (et avec eux de plantes) originaires de différents continents. Pendant longtemps, ces jardins ont permis à la population de survivre et d’entretenir ses racines, et ces facteurs ont marqué durablement la culture martiniquaise.
Mais ce qui influence au moins autant le comportement des jardiniers, c’est une nature hors du commun. Généreuse, fantasque, redoutable, elle se prête aux expérimentations botaniques les plus audacieuses mais peut aussi, en quelques instants, anéantir l’oeuvre d’une vie. Il n’est donc pas étonnant que la plupart des jardins martiniquais actuels soient des créations relativement récentes. Des jardins qui ont en commun avec ceux du passé, et dont le souvenir reste vivant grâce à la littérature, d’être conçus par instinct et de ne se plier à aucune règle imposée de l’extérieur. Des jardins anticonformistes, d’une exceptionnelle richesse, qui ont largement contribué à la naissance du mythe de « Madinina, l’île aux fleurs ».
Isabelle Specht
Titulaire d’un doctorat en géographie rurale de l’Université de Strasbourg, Isabelle Specht s’est formée à la conception et à la création de jardins à l’École nationale supérieure de paysage de Versailles. Amoureuse des îles tropicales dans lesquelles elle a vécu quelques années, elle est l’auteur de plusieurs ouvrages dont Jardins de la Guadeloupe (Orphie, 2007) et Jardins de La Réunion (Orphie, 2010). Ses livres expriment son goût pour la nature exubérante, la littérature et les belles histoires humaines.