— Par Gabriel Jean-Marie —
La colère des Saint Martinois contre la lenteur des secours est compréhensible. Après Irma, ce monstre destructeur, ils sont en état de choc. Les Saint Martinois comme beaucoup de Saint Barth ont tout perdu. L’île est détruite à 95% Ils entendent parler d’aides de soutien d’envois d’eau, de nourriture, et d’autres produits de première nécessité mais après six jours, beaucoup de sinistrés n’avaient rien reçu ou très peu.
Alors qu’ils savaient plusieurs jours à l’avance qu’Irma allait frapper St Martin et St Barth, qu’ils connaissaient la force destructrice d’Irma, les services de l’Etat ont failli par manque d’anticipation et en calculant tout trop chichement.
N’était il pas possible par exemple entre Irma et José de larguer au moins par avion des tonnes d’eau et de nourriture dans différents endroits de l’île ? N’était-il pas possible de préparer un pont aérien efficace et prêt à agir dés la fin des alertes cycloniques, pour évacuer la population qui le souhaitait ? De prévoir plus de moyens aériens pour cela ?
Certes, des mesures ont été prises, mais trop peu, trop tard et ayant sous estimé l’ampleur du phénomène.
Ce sont les plus démunis, les pauvres qui payent le plus cher les conséquences d’Irma, dans ces îles où l’opulence et la richesse voisinent avec l’extrême pauvreté. Or, il se trouve que les mieux lotis sont blancs et les autres, noirs. C’est cela le racisme officiel aux Antilles ! Une situation héritée du colonialisme.
Et c’est cela le vrai scandale permanent. Irma est un révélateur puissant de ces inégalités. Car selon que l’on est pauvre, ou aisé, ou riche les conséquences de la catastrophe sont plus ou moins dures.
Lorsque le système actuel favorise les inégalités en temps normal, alors en temps exceptionnel ces inégalités deviennent encore plus criantes.
Il n’est pas étonnant que les plus pauvres- et ils avaient raison- aillent se servir dans les magasins qui regorgent de richesses alors qu’ils avaient faim et de soif. Au lieu de les réprimer l’état lui-même, aurait du autoriser la distribution gratuite des produits alimentaires stockés dans les magasins. Il y a certainement quelques dangereux délinquants et malfrats mais ce n’est pas le cas de la population qui allait se servir dans les magasins. Comme l’a dit un sinistré : « ce n’est pas du vol, mais de la survie ».
Nous partageons aussi le sentiment de la population choquée par exemple que les mieux nantis de l’île aient été jusqu’ici privilégiés lors des évacuations par rapport aux seconds. Les réflexes coloniaux de l’Etat français sont tenaces. Nous savons tous aux Antilles qu’en ayant la « bonne couleur de peau » tout s’obtient plus facilement.
Alors Macron est venu pour montrer la soi disant solidarité de l’Etat et faire oublier les ratés de la gestion par lui de la situation, surtout à Saint-Martin.
Le MEDEF, les gros possédants, et riches hôteliers des îles du nord, espèrent qu’il vienne avec des mesures pour faciliter la reconstruction et la marche des affaires pour le grand patronat. Les profiteurs de cyclone guettent déjà sûrement la bonne aubaine. Mais les travailleurs, les pauvres n’ont rien à attendre de ce représentant des nantis.
Certains ont saisi l’occasion pour manifester leur colère devant Macron. Et dans la période qui vient, les travailleurs et les opprimés de Saint Martin forts de la solidarité qu’ils mettent déjà en place entre eux pourraient trouver le chemin de l’organisation de leur classe. Ils seraient ainsi mieux armés pour que la reconstruction ne profite pas qu’aux riches, et pour reprendre goût et espoir dans la lutte collective contre l’exploitation et les inégalités.
Gabriel Jean-Marie (Combat Ouvrier) 12 septembre 2017