Internet, nouvel eldorado ? Dans ce cas, pourquoi certains s’enrichissent-ils alors que d’autres (les plus nombreux) s’appauvrissent ? Contrairement à ce que l’on voudrait nous faire croire, Internet ne crée pas plus d’emplois qu’il n’en détruit dans la réalité concrète… Et pourtant, Internet est en train de transformer notre économie de fond en comble… Nouvelle monnaie universelle : l’information. Celle que nous mettons quotidiennement sur Internet quand nous nous connectons avec notre ordinateur ou notre Smartphone, et que les géants du Net s’approprient via les services « gratuits » proposés aux utilisateurs et qu’ils reconditionnent en ces « Big Data » qu’ils vendent aux annonceurs à prix d’or. Il s’agit d’un rapt général : notre société est en train de se faire déposséder de ses données – de sa richesse…! Allons-nous laisser les gros serveurs maîtrisant les algorithmes les plus puissants confisquer notre avenir ? Comment faire en sorte qu’Internet devienne vraiment l’eldorado… pour tous ?
Créateur à répétition de start-up et inventeur de la « réalité virtuelle », Jaron Lanier a collaboré avec les plus grandes firmes du Net : l’envolée d’Internet, il l’a vécue de l’intérieur, les dérives du monde numérique, il connaît… Il œuvre maintenant à ce qu’Internet redevienne ce merveilleux outil conçu pour tous, et nous projette dans le futur d’Internet – notre futur. Jaron Lanier est également plasticien, et joue de dizaines d’instruments acoustiques rares : il est inclassable ! Il a été rangé par le magazine Time parmi les 100 personnalités les plus influentes du monde en 2010. Il s’est tout récemment vu attribuer le Prix de la paix des libraires allemands, l’une des plus importantes récompenses littéraires du pays, pour cet ouvrage.
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Pas tous égaux devant le Web !
— Par Corine Lesnes —
Rien n’est gratuit parmi les services « gratuits » que proposent les géants du Net. Derrière son apparente abondance, l’économie de Internet appauvrit la classe moyenne. La thèse est aujourd’hui presque banale. Jaron Lanier a été l’un des premiers à la développer début 2013 dans un livre remarqué aux Etats-Unis, et aujourd’hui traduit en français. Figure de Berkeley, l’auteur n’est ni technophobe ni un repenti. C’est un surdoué, musicien, collectionneur de luths asiatiques et pionnier de la « réalité virtuelle » (il a créé le terme). L’une de ses start-up a été rachetée par Google. Il est membre du laboratoire de recherche de Microsoft.
Les réseaux, rappelle-t-il, ont besoin de la participation d’un grand nombre d’individus, mais seul un petit nombre sont rémunérés. Les consommateurs se laissent berner par les « sirènes numériques » : les méga-ordinateurs qui collectent gratuitement des milliards de données revendues immédiatement aux annonceurs. Il accepte comme un seul homme les recommandations de la machine, critique Jaron Lanier. Machine qui croit savoir mieux qu’eux-mêmes ce qui leur convient au motif qu’elle a accès au big data. En croyant faire une bonne affaire, le citoyen néglige qu’il perd en liberté. Si chacun s’en remet les yeux fermés à Google Map, pour diriger son itinéraire, le pouvoir est grand de manipulation….
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