— Par Yvon Joseph-Henri, Président de l’association des Consommateurs et des Citoyens de la Caraïbe (A3C) —
Au moment où la Région se félicite du branchement haut débit de la Martinique, que penser de tous ceux qui, parce qu’ils ont le tort de vivre dans une zone reculée, se trouvent écartés d’internet ?
Quand on sait que justement qu’internet non seulement deviendra le mode de liaison des citoyens avec leurs administrations, et que ce sont les plus éloignés qui en ont le plus besoin, on s’étonne des lenteurs évoquées dans l’article lui-même : 99,2% des foyers bénéficient d’une offre internet mais 3000 d’entre eux en sont encore exclus.
Oui, mille fois oui, internet est une nécessité pour affronter la modernité, développer les entreprises en Martinique et sortir de l’isolement insulaire. Et pourtant, ce qu’on se garde de dire – ou qu’on ignore ? – c’est justement que l’offre internet recouvre tout et n’importe quoi.
Quel consommateur n’a pas constaté que les offres en métropole n’ont rien à voir en matière de débit et de prix avec ce dont nous disposons en Martinique.
C’est bien la première démonstration selon laquelle la Martinique est une seconde zone et que le problème qui se pose est avant tout un problème politique, tout comme celui de la continuité territoriale et les billets d’avion à un tarif acceptable pour tous.
Mais en Martinique aussi il existe des citoyens de seconde zone, et, qu’on le veuille ou non, le problème est tout aussi politique, et dépend d’une volonté politique d’aménagement du territoire.
Que rien n’ait été fait sous les précédentes mandatures, parce que personne sans doute ne comprenait la nécessité de coller à internet, impose de rattraper le temps perdu… non en faisant des privilégiés mais en répondant aux besoins de toute la population. C’est cela notre conception d’un développement harmonieux de notre pays.
C’est la Martinique!
Il faut dès lors imposer à l’opérateur de fournir un maillage suffisant, ce qui est loin d’être le cas actuellement. Mais il faut aussi imposer à l’opérateur que la puissance de ses débits soit conforme à ce qu’on attend d’un opérateur digne de ce nom.
Or, que depuis décembre on bataille avec France Telecom parce que la souscription à l’offre 20 Mo qui va de pair avec un téléphone fixe aux communications quasi illimitées ne soit éligible qu’à 8 Mo, voire 4 ou 2 Mo. Bien sûr, tous ceux qui vont intervenir vont vous rassurer : avec 2 Mo vous pouvez télécharger un film ou le voir en streaming… ce qui est démenti par les opérateurs privés ou simplement par Canal satellite via internet. A croire qu’on prend le consommateur martiniquais outre pour une poire, pour un ababa! Sinon pourquoi 20 Mo et bien plus pour les consommateurs de métropole ? Quant à la 4 G+, il faudrait déjà que H+ et 3G+ fonctionnent convenablement partout. Combien de fois, le client de Pointe Savane se retrouve t-il à galérer en utilisant son téléphone en guise de modem puisque la connexion du routeur ne fonctionne pas.
Mais le plus beau de cette situation réside dans la mise en place d’un réseau câblé de bien meilleure qualité, de relais nombreux et placés aux endroits stratégiques, ainsi que d’une station puissante située outre le bourg du Robert, dans toutes les concentrations de populations, d’habitations. Seulement voilà, ni France Telecom, ni le pouvoir politique (qu’il soit local, qu’il soit des communautés de communes du Nord Atlantique, du département ou de la Région) ne semblent véritablement intéressés à la modernisation à pas de charge du pays.
Cela n’empêche pas France Telecom de connecter de nouveaux clients à Pointe Savane, avec pour conséquence la réduction continue du flux, des déconnexions intempestives, des débits plus que lents…et le pouvoir politique de se féliciter! Heureusement, les alizées se sont mis à souffler et le soleil luit. Nous sommes en Martinique.
Mardi 25 novembre 2014
Yvon Joseph-Henri, Président de l’Association des Consommateurs et des Citoyens de la Caraïbe (A3C)