— Par Amandine Cailhol —
Syndicats et employeurs de la profession se sont retrouvés jeudi pour une première réunion sur le sulfureux dossier de l’assurance chômage. Fait inédit, les règles propres à leur régime seront négociées à part. Mais les marges de manœuvre restent limitées.
Syndicats et employeurs de la profession du spectacle se sont retrouvés jeudi matin pour une première réunion concernant l’assurance chômage des intermittents. Les partenaires sociaux ont jusqu’au 1er juillet pour définir ses nouvelles règles, tant pour le régime général que pour celui des intermittents. Le tout sous une contrainte budgétaire forte et dans un contexte social très compliqué. Le point sur ce dossier qui va s’étendre sur les quatre prochains mois.
Comment vont se passer les négociations sur l’intermittence ?
Renouvellement des acteurs, changement de lieu de rendez-vous. C’est sous le signe de la nouveauté que se sont ouvertes, jeudi matin, les négociations sur les nouvelles règles de l’assurance chômage propres aux intermittents. Pour la première fois, la négociation sur les annexes 8 et 10 de la convention Unédic (définissant les règles applicables aux intermittents du spectacle) va se dérouler «à part». En parallèle de la négociation interprofessionnelle, les syndicats (CFDT, CGT, FO, CFTC, CGC) et employeurs (Fédération des entreprises du spectacle vivant, de la musique, de l’audiovisuel et du cinéma, Fesac) vont se retrouver toutes les semaines pour traiter du seul dossier de l’intermittence.
Cette organisation a été mise en place par la loi Rebsamen du 17 août 2015, après la signature de la dernière convention Unédic et les remous de l’été 2014. L’idée étant de confier cette négociation à des acteurs «spécialistes» du dossier, mieux à même d’en saisir les enjeux. Autre conséquence de cette méthodologie inédite : le lieu. Terminée les discussions au Medef, lieu d’accueil de la plupart des négociations entre partenaires sociaux, au grand dam de certains syndicats. L’organisation patronale n’étant plus dans la boucle, c’est désormais au Conseil économique, social et environnemental (Cese) que se décidera l’avenir du régime de l’intermittence. Un symbole fort, compte tenu des sorties récurrentes de Pierre Gattaz, le patron des patrons, contre ce régime.
Quelles seront les marges de manœuvre des acteurs du secteur ?
La nouvelle méthodologie est bien accueillie par la CGT-Spectacle (principal syndicat à avoir mené la fronde des intermittents en 2014, avec la Coordination des intermittents et précaires, CIP). «Pour autant, nous restons prudents, car il y a toujours une inconnue : nous n’avons pour l’heure pas la lettre de cadrage financier», pointe le secrétaire général de la CGT-Spectacle. Car si la profession est libre de s’entendre sur les futures conditions d’indemnisation des intermittents, elle doit le faire dans la limite d’un «cadre financier». Or, ce dernier, qui fixera les économies à réaliser, sera décidé par les partenaires sociaux dans le cadre de la négociation interprofessionnelle. Ils pourraient être tentés de demander de gros efforts aux intermittents, au regard de la situation de l’Unédic (30 milliards d’euros de dette cette année). Quant au gouvernement, il table sur 800 millions d’euros d’économies nouvelles, au total, grâce à la nouvelle convention…