Le mercredi 20 septembre 2023 restera dans les annales comme une journée marquante à l’Assemblée nationale. Ce jour-là, des représentants des syndicats enseignants ont été invités à la Commission des Affaires culturelles pour une réunion annuelle visant à évaluer la rentrée scolaire. L’objectif initial semblait positif, mais la journée a rapidement dégénéré en une confrontation tendue entre les syndicats et les députés.
Dès le début de la réunion, des tensions ont éclaté lorsque les syndicalistes ont soulevé des préoccupations concernant le manque de moyens dans les établissements scolaires et la décision controversée d’interdire l’abaya. Une députée de la majorité, Véronique Riotton, a critiqué le « ton caricatural » des syndicats, tandis que les députés du Rassemblement national ont été encore plus acerbes. Julien Odoul, député de l’Yonne, a qualifié les propos des représentants de « comparables au sketch des Inconnus sur la grève du lycée » et a même utilisé le terme « islamo-gauchistes » en référence à l’abaya.
La tension est montée d’un cran lorsque des députés NUPES (Nouveaux Unis pour l’Éducation et la Solidarité) ont exprimé leurs regrets concernant les mots utilisés à l’encontre des syndicats. La présidente de la commission, Isabelle Rauch, a répondu en disant que « chacun est libre de ses propos dans cette salle », ce qui n’a pas été bien reçu par les représentants syndicaux. Sophie Vénétitay, secrétaire générale du SNES-FSU, a dénoncé les propos des députés, affirmant qu’ils méprisaient les organisations syndicales, les personnels, et la démocratie elle-même.
Les choses ont pris une tournure encore plus dramatique lorsque le député Roger Chudeau du Rassemblement national a qualifié la réunion d' »échec » et a exhorté les représentants des enseignants à « baisser d’un ton ». C’en était trop pour les syndicats, qui ont décidé de quitter la réunion de manière unanime.
Guislaine David, secrétaire générale et porte-parole du syndicat SNUipp-FSU, a exprimé sa consternation en déclarant : « Ça fait 25 ans que je suis représentante du personnel et je n’ai jamais été insultée comme ça. » Elle a ajouté que les syndicats prévoyaient d’envoyer un courrier à la présidente de l’Assemblée nationale, Yaël Braun-Pivet, pour demander un « rappel à l’ordre » et exprimer leur indignation quant à la manière dont les représentants des enseignants avaient été accueillis à l’Assemblée nationale.
Ce jeudi, 18 députés NUPES présents lors de la réunion ont publié sur X (anciennement Twitter) une lettre qu’ils disent avoir envoyée à la présidente de l’Assemblée nationale Yaël Braun-Pivet, dénonçant « les propos humiliants et les marques de mépris adressés aux représentants des enseignants par des députés Renaissance et RN ». Dans cette lettre, les députés NUPES expriment leur préoccupation quant à l’atmosphère hostile qui a prévalu lors de la réunion, mettant en avant la nécessité d’un dialogue respectueux et constructif entre les représentants du peuple et les syndicats enseignants.
Ils appellent également à des mesures visant à prévenir de telles situations à l’avenir et à garantir que tous les débats à l’Assemblée nationale se déroulent dans le respect mutuel et la dignité. Cette lettre des députés NUPES souligne l’importance de promouvoir un environnement où les préoccupations des enseignants et de l’éducation nationale puissent être discutées de manière constructive, dans l’intérêt de tous les acteurs impliqués dans le système éducatif français.
Cette journée tendue à l’Assemblée nationale met en lumière les profondes divisions et les tensions qui persistent dans le débat sur l’éducation en France, mettant en évidence la nécessité d’un dialogue plus constructif et respectueux entre toutes les parties prenantes.