— Par Émilien Urbach —
Face à l’augmentation des prix des fournitures, notamment due aux spéculations financières sur le papier, les associations s’inquiètent de la situation des familles les plus précaires. Et appellent à des solutions d’urgence.
Chaînes de production bousculées par la crise sanitaire, guerre en Ukraine, inflation tous azimuts… à la rentrée scolaire, les familles les plus précaires risquent une fois de plus d’en faire les frais.
La marque Clairefontaine annonce une hausse de près de 18 % sur ses cahiers ; 20 à 25 % chez Oxford. C’est la conséquence directe d’une crise du papier déjà bien connue et sur laquelle la marque Amazon orchestre, depuis des mois, une dangereuse spéculation entraînant, en un an, une hausse du prix de la pâte à papier de 70 % et de 180 % sur le carton.
Les associations craignent le pire
Le coût du plastique servant à la fabrication des stylos ou des couvertures plastifiées a lui aussi doublé sur les douze derniers mois. « En organisant des bourses aux fournitures dans nos sections départementales, nous avons déjà constaté des hausses de prix importantes entre juin 2021 et juin 2022, pointe Nageate Belahcen, coprésidente de la Fédération des conseils de parents d’élèves (FCPE). Certaines calculatrices, par exemple, ont augmenté de 40 %. »
Avec l’ajustement des prix par les producteurs et la grande distribution, les associations craignent le pire. « C’est affolant, alerte Jean Stellittano, secrétaire général du Secours populaire français (SPF). Les difficultés à la rentrée scolaire sont de plus en plus importantes chaque année. L’allocation d’aide à la rentrée scolaire est trop insuffisante pour parvenir à réduire l’impact de l’inflation. Si elle n’est pas versée plus tôt, les familles déjà piégées par l’augmentation des prix de l’énergie et des charges liées à leur logement ne pourront pas faire face. »
« Nous attendons toujours une réponse du ministre »
La FCPE et le SPF rappellent que les fournitures scolaires ne sont pas les seuls frais auxquels sont confrontées les familles à la rentrée. « Les parents doivent aussi rééquiper leurs enfants en vêtements », rappelle Jean Stellittano. « Les prix de la cantine et des transports scolaires sont également en augmentation », note pour sa part Nageate Belahcen.
À l’Assemblée nationale, les députés de la Nouvelle Union populaire, écologique et sociale (Nupes) ont d’ores et déjà décidé d’interpeller le ministre de l’Éducation nationale, Pap Ndiaye. « Nous attendons toujours une réponse, regrette Rodrigo Arenas, député (Nupes/FI) de la 10e circonscription de Paris. Nous demandons que l’allocation de rentrée scolaire soit versée dès le mois de juillet et soit indexée sur l’inflation. Sinon, les gens ne partiront pas en vacances. Il faut des mesures spécifiques liées à l’Éducation nationale, en dehors des mesures d’aide générales sur l’inflation. »
»C’est le principe d’un système éducatif républicain et laïc pour tous qui est remis en cause »
NAGEATE BELAHCEN, coprésidente de la Fédération des conseils de parents d’élèves (FCPE)
Les associations et élus de gauche appellent en outre à des mesures d’urgence. « On pourrait imposer la gratuité des fournitures scolaires, au moins à l’école primaire », propose le responsable du SPF. La gratuité des transports aussi soulagerait rapidement les familles.
Et la coprésidente de la FCPE d’ajouter : « C’est le principe d’un système éducatif républicain et laïc pour tous qui est remis en cause. Nous sommes encore bien loin de la gratuité de l’école pourtant promise par les textes. »
Source : L’Humanité.fr