Oxfam France, dans son dernier rapport intitulé « Inégalités Immobilières : Le Cri d’Oxfam », met en lumière la crise profonde qui secoue le secteur du logement en France. La financiarisation croissante, encouragée par les pouvoirs publics, a conduit à une concentration sans précédent du patrimoine immobilier et à une détérioration significative des conditions de logement pour une grande partie de la population.
L’arrivée massive d’acteurs financiers dans le secteur du logement, sous l’œil complaisant des autorités, a exacerbé les inégalités sociales. Oxfam dénonce une politique qui, loin de favoriser un accès équitable au logement, a alimenté un mouvement de spéculation immobilière aux conséquences dévastatrices.
Le rapport souligne que la crise actuelle du logement ne résulte pas uniquement de facteurs conjoncturels tels que la hausse des taux d’intérêt, mais découle surtout d’une financiarisation du logement encouragée par les pouvoirs publics. Les prix de l’immobilier ont connu une ascension fulgurante au cours des vingt dernières années, augmentant quatre fois plus rapidement que les revenus bruts des ménages.
Le désengagement de l’État est pointé du doigt, avec des conséquences dramatiques sur la production de logements sociaux, qui a chuté de manière significative. Les auteurs du rapport mettent en évidence un changement majeur dans la gestion du logement, transformé en un produit financier, soumis à une logique avant tout « financière ». Depuis la crise financière de 2008, les opérateurs financiers ont investi massivement dans le logement social et intermédiaire, percevant ces investissements comme offrant des rendements stables et peu risqués.
Les effets de cette financiarisation sont palpables dans le quotidien des locataires, avec une hausse des prix, une accélération des expulsions et un moindre investissement dans l’entretien des bâtiments. Oxfam met également en lumière le rôle néfaste des niches fiscales, en particulier les LMNP, SIIC et Censi-Bouvard, qui ont coûté 11 milliards d’euros en douze ans et ont profité aux ménages les plus aisés.
Les chiffres révèlent une concentration inédite du patrimoine immobilier, avec les 10 % les plus riches détenant 44 % du patrimoine immobilier en début d’année 2021. Cette accumulation contribue à l’actuelle réalité où 3,5 % des ménages détiennent plus de cinq logements, représentant ainsi 50 % des logements mis en location par des particuliers.
Pour contrer cette tendance inquiétante, Oxfam préconise des mesures audacieuses, dont la limitation de l’accès des acteurs privés financiarisés au financement du logement, en particulier celui aidé. L’ONG défend également la constitutionnalisation du droit au logement, le plaçant au même niveau que le droit à la propriété.
Face à une fiscalité actuelle qui ne prend pas suffisamment en compte les inégalités de richesses et de patrimoine, Oxfam propose des changements significatifs. La suppression des niches fiscales pour les locations de type Airbnb, l’encadrement des prix du foncier et une taxe foncière plus progressive sont suggérés comme des mesures cruciales pour répondre à cette crise majeure qui mine la société française et menace le droit fondamental à un logement décent pour tous.