— Par Patrick Mathelié-Guinlet —
DOM-TOM !
DOM comme un pays DOMiné,
par la perte d’identité et la misère miné…
TOM comme un oncle casé, encayé, confiné…
Quand cesserons-nous pour de bon d’être des bois-bois et de danser
au rythme de l’autre qui tient nos fils entre ses mains ?
Quand aurons-nous enfin ce courage de couper
ces pseudo cordons censés nous relier
à une mère-patrie que nous n’avons pas choisie ?
Quand allons-nous cesser de décompter les jours étrangers
pour arriver à l’heure de nous-mêmes comme le souhaitait Aimé ?
En fait, depuis quand avons-nous cessé de nous aimer ?
Nous sommes une île, une entité,
pas un département ni un territoire
appartenant à d’autres au loin et en dépendant…
DOM comme “DOMi”!
TOM comme aTOMisé !
Il faut se réveiller
maintenant, aujourd’hui !
Notre vie en dépend,
demain sera déjà trop tard !…
DES TERRES MINÉES, DÉTERMINÉES !
Des terres minées par le chlordécone…
Déterminés, oui nous le sommes
en Martinique, terre des hommes,
pays dominé qu’on nomme DOM-TOM,
étouffé de contraintes qui nous assomment,
contraires aux droits de l’homme en somme !
Leur vaccin de discorde est la pomme…
Réparation exigée
quand on nous empoisonne !
Résistance obligée
quand on nous emprisonne !
Indépendance et liberté
pour une île autonome !
“HIBER-NATION”
Il émane de France une fragrance rance
de pays où, hélas, plus personne ne danse,
où règnent, sans espoir, sans joie et sans envie,
monotonie, mélancolie et nostalgie,
où la vie ne s’écoule plus qu’en gris uni,
où le QR Code a remplacé le QI…
Si tu n’as pas l’air cul : condamné à l’ennui !
J’ai l’andropause de l’esprit :
rien n’le fait plus bander ici,
alors il tourne au ralenti…
Ma nation est hiber-nation !
Tout au sanitaire est soumis…
Et quand l’hôpital a la fièvre,
en cauchemars se muent nos rêves,
intelligence et culture gardent le lit…
Pas sûr qu’on puisse un jour ranimer celles-ci
de ce très long coma dans lequel on a mis
les poètes, artistes et penseurs
en ces temps où règnent la peur,
le mensonge et la connerie !
AVERTISSEMENT…
Quand on enferme des innocents,
qu’on prive de travail et loisirs des gens
dont le seul tort est refuser
d’être piqués en bonne santé,
on s’étonne après qu’ils soient violents !
Quand on vient parler de solidarité
pour tenter de les culpabiliser
lors qu’on n’a fait que leur mentir
de façon éhontée à tort et à travers
en disant tout et son contraire,
ôtant toute perspective d’avenir,
on s’étonne qu’ils ne croient plus
aucune des paroles issues
de la bouche de leurs élus
et vous disent : “Cause à mon cul !”
Quand de la devise républicaine :
“Liberté, Égalité, Fraternité”,
aucun des termes n’est respecté
de gouvernants incompétents corrompus,
on s’étonne qu’il ne reste que la haine !
Quand on a mis tout un peuple en colère,
descendu l’exprimer dans la rue,
qu’il sait que rien ne changera
si du sang d’oppresseur ne coule pas,
la situation est révolutionnaire !
Car la cocotte, de soupape privée,
trop chauffée ne peut qu’exploser
à la gueule de mauvais cuisiniers
et de ça faudra pas s’étonner :
“Bagay-la cho, bagay-la ké brilé !*”
* en langue créole : C’est chaud, ça va brûler ! (chant bélé traditionnel)
Patrick Mathelié-Guinlet