Immigration, fascisme et nous

— Par Philippe Pierre-Charles —

Jeudi dernier plusieurs associations tenaient une réunion au TOM : regards croisés sur les migrations dans la Caraïbe, après un documentaire poignant sur le calvaire toujours actuel des Dominicain-es expulsé.es vers Haïti, rendu.es apatrides par les gouvernements racistes de République Dominicaine agissant en héritiers du massacreur Trujillo.

Occasion de me souvenir du meeting de dénonciation de cette barbarie par le GRS à la Mutualité de FDF (c’est dire si ni lontan !).

Occasion aussi de saluer le travail des associations qui, dans l’ombre (trop !) font un travail essentiel de soutien aux caribeen. nes immigré.es chez nous dont les témoignages racontent la même galère, la même maltraitance préfectorale, (grands et petits fonctionnaires mêlés), la même navigation entre solidarités et hostilités locales, petites combines de vie, ambiguïtés et rejets.

Occasion de noter la faible présence de responsables politiques, syndicaux à cette réunion (discrétion des invitations ?? désintérêt ??).

Occasion surtout de souligner que l’indifférence au problème des migrations, dans notre région comme dans le monde entier, est l’une des armes les plus terribles aux mains du fascisme qui monte.

Mais quid de la conscience du danger planétaire ? S’imaginer que nous serions à l’abri est contraire à la lucidité indispensable à toutes les forces impliquées dans le combat pour l’émancipation humaine.

Quand le numéro deux (Elon Musk) de la plus grande puissance mondiale teste ouvertement un salut nazi devant une scène ultra mondialisée, promet de mettre sa fortune au service du parti qui travaille au retour du nazisme dans son pays de naissance, quand « notre » premier ministre, même provisoire, parle de « submersion » des non-Blancs en France, que de l’Argentine à la Hongrie, en passant par l’Italie, l’Autriche et l’Inde de Modi (mais oui un des grands des BRICS !), la bête immonde crache son venin, il est pathétique de voir tant de valeureux camarades chez nous vaquer à leurs légitimes occupations sans accorder la moindre attention au problème comme si l’interdiction signifiée à feu Lepen et famille de débarquer chez nous nous garantissait de quoi que ce soit aujourd’hui.

Chassé.es des USA par la brute et sa horde, nos frères et sœurs d’Haïti, de la Caraïbe, d’Amérique du centre et du sud vont errer par paquets du Chili à la Caraïbe. L’arme de la division des peuples jouera encore plus fort, car c’est le poison le plus efficace et le plus bon marché dont dispose le capitalisme mondialisé .

Si les forces progressistes ne mettent pas cette question en bonne place dans leur agenda politique et social, alors ni les petites querelles électorales, ni les grandes opérations internationales ne pèseront grand-chose dans les moments cruciaux que nous allons vivre, que nous vivons déjà.

Philippe Pierre-Charles

Illustration : https://www.hrw.org/