L’illettrisme constitue une forme d’exclusion sociale, au-delà d’une méconnaissance des savoirs de base. Parmi les premières conséquences de l’illettrisme : des difficultés à s’insérer professionnellement, un manque d’appropriation de l’information, mais aussi la restriction de l’accès à certains services de la vie quotidienne.
Le pilotage des actions de lutte et de prévention contre l’illettrisme suppose, pour être mené avec efficacité, une analyse préalable de l’existant qui puisse permettre aux pouvoirs publics de mieux connaître les niveaux de compétences des adultes, puis d’évaluer l’influence des niveaux de compétences les plus faibles sur leur vie professionnelle et personnelle, au regard du contexte socio-économique régional.
Dans le but d’apporter un premier niveau de réponse à cette problématique, le dispositif d’enquête « Information et Vie Quotidienne » a été développé dans les années 2000. Destiné à quantifier la répartition des adultes par niveaux de compétences, il tient également compte de la segmentation des performances en matière d’écriture, de calcul et de compréhension orale.
Après la réalisation en 2006 d’une extension locale de l’enquête IVQ sur le territoire de Martinique, la démarche est reconduite en 2014, dans le cadre du Troisième Plan régional pour la Prévention et la lutte contre l’illettrisme. Cette seconde édition résulte d’un partenariat entre la Direction Générale des Outre-Mer et l’Insee.
Ce dossier propose une analyse des résultats de l’enquête, selon différentes approches telles que le profil des personnes, la nature des difficultés rencontrées, les éléments biographiques, la situation professionnelle, les conditions de vie et la pratique des loisirs. Outre l’estimation des indicateurs de l’illettrisme, il ouvre le champ à un premier niveau de comparaison chronologique de la situation entre 2006 et 2014. À ce titre, il offre un nouvel éclairage aux acteurs de la co-construction du futur plan régional de prévention, d’accompagnement et de lutte contre l’illettrisme.
L’illettrisme en Martinique
En 2014, 13 % des habitants de Martinique, âgés de 16 à 65 ans, ayant été scolarisés en France, sont en situation d’illettrisme, soit 7 % de plus qu’au niveau national. Les difficultés rencontrées sont plus notables en écriture et en compréhension et les performances meilleures en lecture et en calcul. Le taux d’illettrisme est plus élevé chez les personnes âgées de 50 ans et plus et chez les hommes. Cependant, il est en baisse de deux points par rapport à 2006, malgré un vieillissement de la population. Ce recul est plus marqué chez les femmes, les inactifs et dans le sud de l’île. Les performances des Martiniquais à l’écrit sont meilleures que dans les autres DOM et proches à l’oral.
Les difficultés scolaires sont l’une des causes principales de l’illettrisme. Avec l’entrée précoce en scolarisation, le redoublement a été le moyen de lutte contre l’échec scolaire le plus utilisé jusqu’à sa remise en cause en 2014. Pour lutter contre l’illettrisme, sont développés aujourd’hui des outils de soutien aux élèves en difficulté.
En Martinique, le taux d’illettrisme est plus important chez les salariés que les non salariés, dans le secteur privé que dans la fonction publique, dans les catégories sociales les plus basses, chez les personnes à la recherche d’un emploi que chez celles qui n’en recherchent pas et chez les personnes au chômage depuis un an ou plus. Les personnes illettrées sont limitées dans la lecture, la rédaction, la langue française et également dans l’utilisation d’outils informatiques.
L’illettrisme est plus présent parmi les Martiniquais les moins aisés. En effet, plus les revenus de son ménage sont faibles, plus la fréquence de l’illettrisme est élevée. De plus, l’illettrisme est lié à de nombreuses inégalités en conditions de vie.
Lire le dossier :https://www.insee.fr/fr/statistiques/fichier/3363348/ma_ind_8.pdf
Synthèse
13 % d’illettrés en Martinique en 2014
Meilleur score en lecture qu’en écriture ou en compréhension
Les personnes âgées et les hommes davantage concernés
Des performances moins bonnes en calcul qu’à l’écrit
Un lien entre mauvaises performances en calcul et difficultés à l’écrit
Peu de personnes en situation très préoccupante à l’oral
Plus de difficultés à l’oral pour les personnes illettrées
Six individus sur dix sans difficulté dans les trois domaines
L’illettrisme en baisse depuis 2006 malgré un vieillissement de la population
Une forte amélioration pour les inactifs
Des résultats moins bons en calcul et à l’oral en 2014
Un bilan meilleur à l’écrit en Martinique que dans les autres DOM
Les scores martiniquais à l’oral sont proches de ceux des autres DOM
La moitié des personnes à l’aise dans les exercices complexes
Scolarisation tardive et conditions de vie durant l’enfance, principales causes de l’illettrisme
Un lien fort entre les difficultés scolaires et l’illettrisme
Une scolarisation moins précoce pour les 45 ans et plus
Moins de redoublement chez les moins de 30 ans
Les conditions de vie durant l’enfance : principaux déterminants de l’illettrisme
Importance du cadre familial
L’illettrisme peut constituer une source de handicap au travail
Performances globales meilleures pour les non salariés
Fortes disparités de compétences globales pour les inactifs
Les personnes illettrées lisent et rédigent moins
11 % des actifs occupés parlent le créole
Les hommes utilisent moins l’ordinateur
L’illettrisme, en lien avec la pauvreté, engendre des privations
Un bien-être matériel moins élevé pour une personne illettrée
L’illettrisme engendre plus de privations
Les personnes illettrées moins bien équipées
Moins d’inégalités pour les privations de consommation
Plus de difficultés pour avoir une vie sociale
La pratique d’un loisir est souvent limitée
L’illettrisme influe sur la pratique de certains loisirs
Un quart des personnes illettrées lisent durant leurs loisirs
Les personnes illettrées utilisent la télévision et la radio pour s’informer
Définitions, Source, Annexes