Odile Fillod a œuvré à réhabiliter le clitoris dans les manuels scolaires.Les travaux de l’auteure du blog Allodoxia ont conduit quatre éditeurs scolaires à intégrer en cette rentrée des croquis de l’anatomie complète de l’organe.
— Par Claire Legros —
A quoi ressemble vraiment l’anatomie d’un clitoris ? En cette rentrée scolaire, quatre éditeurs de manuels de sciences de la vie et de la Terre (SVT) – Hatier, Nathan, Bordas et Lelivrescolaire.fr – ont profité d’une refonte des programmes pour rompre avec des années d’ignorance. Dans les ouvrages destinés aux classes de seconde, les croquis illustrant les chapitres sur la sexualité présentent désormais l’anatomie complète de l’organe (environ 10 cm depuis le gland jusqu’au bout de ses piliers) et non plus un simple « bouton », voire rien du tout, comme c’était le cas jusqu’à présent.
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Cette réhabilitation bienvenue mais tardive doit beaucoup à Odile Fillod qui, ces dernières années, a entrepris de rendre justice à l’organe jusque-là délaissé par les éditeurs. En 2014, celle qui se définit comme « chercheuse indépendante » a méticuleusement listé « les biais sexistes dans les manuels de SVT », à l’occasion d’un colloque organisé par le centre Hubertine-Auclert, à Paris, et mis en lumière la responsabilité des éditeurs dans la production de stéréotypes de genre.
Deux ans plus tard, la fabrication pour les besoins d’une vidéo d’un modèle du clitoris à taille réelle l’a fait connaître d’un plus large public. L’objet s’est taillé un joli succès dans les médias et auprès des enseignants de SVT après la diffusion du fichier imprimable en 3D en accès libre sur Internet.
Travers de la vulgarisation scientifique
Attablée en cette fin d’été à la terrasse d’un café parisien, elle se réjouit de ces récentes avancées : « Il y a une dimension politique dans le fait de rétablir la taille véritable de l’organe. Cela change la vision de la sexualité et aide à déconstruire le schéma sexuel où l’on a, d’un côté, l’homme actif doté d’un phallus, et de l’autre, la femme passive à qui il manquerait quelque chose. » Mais elle nuance aussitôt les progrès, précisant qu’« il reste des choses accablantes dans les manuels »…
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