Jeudi 28 novembre à 19h | Tropiques-Atrium Salle Frantz Fanon
Le film « Il était une fois Michel Legrand » plonge au cœur de l’univers du célèbre compositeur, entre portraits biographiques et moments inédits capturés durant les deux dernières années de sa vie. Derrière la caméra, un réalisateur dont la vie elle-même semble étrangement liée à celle de Michel Legrand. Cette œuvre n’est pas qu’un simple hommage, mais une exploration intime de l’homme et de l’artiste.
Une fascination née dans l’enfance
Le réalisateur raconte que son histoire avec Michel Legrand commence bien avant leur rencontre. Dès son enfance, la musique du compositeur s’immisce dans sa vie : de la bande originale de L’Affaire Thomas Crown que ses parents écoutaient à Il était une fois l’espace, une série animée qu’il adorait. Plus tard, la découverte de Yentl le bouleverse définitivement, le marquant comme l’un des chefs-d’œuvre de la musique de film.
Des années après, il tente d’approcher le compositeur, mais c’est seulement en 2017, à Cannes, que leur rencontre se concrétise. À partir de là, débute une collaboration singulière, parfois difficile, mais riche d’échanges et de créations.
Une immersion dans la vie d’un génie
Filmer Michel Legrand ne fut pas une tâche aisée. Le compositeur, à la personnalité complexe et exigeante, se montre d’abord sceptique. Pourtant, l’engagement total du réalisateur, notamment en finançant lui-même le projet, finit par gagner sa confiance. Progressivement, Michel Legrand ouvre les portes de son univers, offrant des moments rares, comme le processus de composition, un instant intime où il se sentait « tout nu ». Ces images, à la fois vulnérables et puissantes, révèlent un homme à la créativité hors du commun.
Loin d’un portrait idéalisé
Le film ne se contente pas de glorifier le compositeur. Il explore aussi ses failles, ses contradictions, et son caractère parfois difficile. Pour le réalisateur, montrer cette complexité était essentiel. Michel Legrand, perfectionniste et enfant dans l’âme, oscillait entre des moments de grâce créative et des accès de frustration. Cette liberté de ton, accordée par les ayants droit et Michel Legrand lui-même, confère au film une authenticité rare.
Une œuvre entre archives et témoignages
La richesse du documentaire réside aussi dans son montage habile d’archives télévisées, de séquences inédites, et de témoignages variés. Le réalisateur met en lumière des collaborations célèbres, comme celles avec Jacques Demy, mais aussi des aspects méconnus, notamment les débuts de Legrand dans la chanson française des années 1950. Cette approche mosaïque illustre l’étendue de son influence, tant en France qu’à l’international.
Un voyage intime et universel
Pour le réalisateur, ce film ferme une boucle. Si Michel Legrand a accompagné, indirectement, sa naissance grâce à une chanson qui unit ses parents, lui a immortalisé les derniers instants du compositeur, dans une sorte de passage de témoin artistique et humain. « Il était une fois Michel Legrand » devient une lettre d’amour à un génie intemporel.
Hélène Lemoine