Nelly Pons, écrivaine et essayiste, autrice de « Océan plastique » et « Débuter son potager en permaculture », a répondu aux questions de WE DEMAIN sur l’urgence climatique.
Elle est l’autrice de Océan plastique et Débuter son potager en permaculture, tous les deux publiés chez Actes Sud. Depuis toujours, Nelly Pons entretien une vraie sensibilité pour l’environnement. Outre ses propres ouvrages, elle a également collaboré aux ouvrages Animal de Cyril Dion (2021) et Vers la sobriété heureuse de Pierre Rabhi (2010). À l’occasion de l’Université de la Terre, qui s’est tenue les 25-26 novembre dernier, WE DEMAIN a interrogé l’autrice sur la question de l’urgence climatique actuelle.
De votre point de vue et à titre professionnel, quelles actions devraient être menées en priorité face à l’urgence climatique et écologique ?
Nelly Pons : Au niveau individuel, il y a tant de choses à faire qui touchent à tant de domaines. J’invite chacun à aller vers ce qui a du sens pour lui, vers ce pour quoi il est doué. Viser le zéro déchet, revoir ses habitudes alimentaires, renouer avec le vivant, s’essayer à la permaculture… Je ne veux pas poser de hiérarchie entre les actions individuelles. S’il est nécessaire de se mettre en mouvement à son échelle, il faut aussi garder à l’esprit que l’individu n’est qu’une partie de la solution. À l’échelle globale, nous raisonnons bien trop en silo pour percevoir avec finesse ce que nous devons faire.
Que faudrait-il faire alors ?
Il serait bien plus sérieux de se baser sur le concept des neuf limites planétaires, sans oublier leurs interactions. On pourrait alors renverser le problème et orienter systématiquement nos choix à l’orée du maintien des conditions de vie sur terre. L’abondance est générée par une complexité basée sur une diversité d’éléments, d’êtres et de relations entre eux. Pour le moment, nous allons à l’extrême opposé en privilégiant la simplification, en cherchant des solutions uniques et des hommes providentiels. Je m’attendais à être confrontée à de la mauvaise foi et des conflits d’intérêts au cours de mon enquête sur la pollution plastique. J’ai aussi trouvé de l’incompétence au sein d’instances décisionnaires où ceux que je rencontrais ne savaient par le dixième de ce que je leur apprenais sur le sujet. C’est ce qui m’a le plus inquiétée. Il est grand temps de monter en compétence et de se former à ce qu’Edgar Morin appelle « la pensée complexe ».
A titre personnel et à votre échelle, comment prenez-vous part à la transition écologique ?
Cela passe d’abord par le fait d’étudier. J’étudie beaucoup mes sujets en m’appuyant sur le travail des spécialistes, afin de créer une interdisciplinarité à mon niveau. D’autre part, j’ai aussi eu envie de reprendre contact avec la matière et les objets qui nous entourent. Plus concrètement, faire des choses avec mes mains, comprendre comment elles fonctionnent et sont fabriquées. En ce moment, j’apprends le chant des oiseaux dans ma vallée cévenole. Pour moi, ancrage et prise de recul vont de pair.
« Pour moi, ancrage et prise de recul vont de pair. »
Nelly Pons.
Enfin, sur une échelle de 1 à 10, quelle note attribuez- vous à la prise en compte de la crise écologique ? Par les Français d’une part, par le gouvernement de l’autre ?
Dans la prise en compte de la crise écologique, je vois trois niveaux de lecture : la conscience du problème, la compréhension de sa nature et de ses origines, et la mise en mouvement pour en sortir. Je dirais 8/10 pour la prise de conscience des Français et du gouvernement. Nous le savons, notre modèle de société conduit à une situation inextricable où changement climatique et effondrement de la biodiversité remettent en question le maintien des conditions de vie sur terre. En revanche, dans la compréhension des phénomènes à l’œuvre, de leur nature systémique et interdépendante, nous sommes plus proches du zéro. Pire, il y a aujourd’hui de la part des élus une séparation radicale entre ce qui est dit et ce qui est fait, et surtout une décomplexion totale. On atteint aujourd’hui des sommets d’hypocrisie. C’est totalement irresponsable.
Nelly Pons a publié chez Actes Sud « Océan plastique » en 2020 et « Débuter son potager en permaculture » en 2017.
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