L’Intelligence Artificielle (IA) suscite actuellement un débat animé quant à son rôle potentiel en tant que moteur économique et à son impact prévu sur l’emploi et la croissance. Depuis une décennie, les économistes produisent des études prospectives offrant des perspectives divergentes, balançant entre la destruction d’emplois et la stimulation de la croissance, alimentant ainsi les spéculations des fervents partisans de cette technologie révolutionnaire.
Parmi ces analyses, la note récente de Goldman Sachs a particulièrement capté l’attention en évoquant la possible disparition de 300 millions d’emplois, tout en promettant une croissance exponentielle de 7% grâce à l’adoption généralisée de l’IA. Cependant, la corrélation suggérée entre une réduction de l’emploi et une croissance accrue soulève des interrogations importantes. Les partisans de cette vision envisagent l’automatisation et l’accroissement de l’efficacité des entreprises comme des leviers potentiels pour une croissance économique sans fin. Cependant, les critiques soulignent les risques inhérents d’inégalités croissantes, mettant en doute la notion d’une croissance équitable et partagée.
L’histoire économique enseigne que les révolutions technologiques initient souvent une destruction initiale d’emplois, mais engendrent également de nouvelles opportunités professionnelles. Malgré les prédictions alarmistes de certaines études, l’expérience passée démontre que de nouveaux emplois émergent, souvent dans des secteurs inédits, à mesure que le marché du travail se redéfinit en fonction des avancées technologiques. Ainsi, la transformation du travail ne signifie pas nécessairement une diminution nette des emplois, mais plutôt une reconfiguration des rôles et des compétences nécessaires.
Le débat sur l’impact de l’IA sur la croissance économique est également complexe. L’analogie avec l’essor d’Internet souligne qu’une innovation technologique peut nécessiter du temps avant de catalyser véritablement la croissance. Les régulations actuellement en discussion jouent également un rôle crucial dans la façon dont l’IA sera intégrée dans l’économie, influençant ainsi son impact global.
Le Fonds Monétaire International (FMI) estime que l’IA touchera au moins 40% des emplois à l’échelle mondiale, atteignant même 60% dans les économies avancées. Bien que cette évolution puisse potentiellement entraîner une hausse des revenus, elle soulève des préoccupations majeures, notamment en termes d’inégalités salariales et de fractures numériques entre les pays développés et les moins avancés.
La directrice générale du FMI, Kristalina Georgieva, évoque à la fois les inquiétudes et les opportunités liées à l’IA. L’accélération des inégalités salariales, en particulier pour les classes moyennes et les travailleurs âgés, est une préoccupation majeure. La fracture numérique risque de s’accentuer entre les pays du Nord et du Sud, nécessitant une concentration sur les pays à moindres revenus pour tirer profit des opportunités offertes par l’IA.
Ainsi, le débat sur l’IA reste complexe, entre espoirs de croissance, inquiétudes pour l’emploi, et la nécessité de régulations pour guider son développement. L’avenir économique semble étroitement lié à la manière dont cette technologie sera intégrée, adoptée et régulée à l’échelle mondiale.