Théâtre du Chêne noir, Avignon, du 6 au 28 juillet
— Par Michèle Bigot —
Familie Flôz est un collectif allemand de renommée internationale. Il présente ici une fantaisie burlesque sans paroles, reposant exclusivement sur un jeu de danses et de pantomimes masquées. L’ensemble est tout à fait réjouissant, témoignant d’une drôlerie mâtinée d’une bonne dose de noirceur (les masques des personnages sont tous emprunts de tristesse). Familie Flöz retrouve ici une tradition séculaire de farce pigmentée de macabre.
Sans le secours d’aucune parole, la construction dramatique repose un fil narratif manifeste : la vie quotidienne telle qu’elle se déroule dans un hôtel familial, qu’on devine situé dans une quelconque station de vacances en montagne. Deux générations se succèdent à la direction de l’hôtel. Chacun investit le personnage correspondant à son emploi avec justesse et drôlerie. Par son physique, son rythme propre, sa gestuelle, chaque personnage incarne un type humain . Pourtant, à l’endroit de chacun, la charre satirique se tempère d’une tendre complicité. On pense à Tati et en même temps certains épisodes sont faits de gags chaplinesques. Quant à la profonde mélancolie elle n’est pas sans évoquer Buster Keaton. Du reste, la thématique n’est pas étrangère à la grande comédie : il s’agit de filiation, de transmission, d’amour mal partagé ; mais là n’est pas le plus important. L’essentiel c’est que le spectateur est sous le charme. Pas une minute d’ennui dans ce spectacle cousu de main de maître : les déplacements, le rythme, le montage scénique sont dignes d’une vraie chorégraphie. L’intensité du travail investi dans un tel spectacle est telle qu’elle se laisse parfaitement oublier.
Bravo à toute la troupe, tout à la fois danseurs, mimes et comédiens ! Familie Flöz présentera à Lyon et à Paris cette comédie assortie de deux autres spectacles de leur répertoire cet hiver.