— Le n° 372 de « Révolution Socialiste », journal du G.R.S. —
Il y a des moments où une autorité, une institution, un pouvoir, doivent prendre une décision dont la portée dépasse largement ce que l’immédiat laisse entrevoir. À première vue, la cour d’appel qui se penchera sur le sort de l’hôtel Batelière n’aura qu’à trancher sur la validité d’un jugement du tribunal de commerce, attribuant ce joyau de l’hôtellerie martiniquaise à un capitaliste plutôt ordinaire malgré ses moyens. En réalité, les trois voies qui se dessinent devant le tribunal reflètent trois visions de l’avenir d’une société et d’un pays.
La première voie : la banalité du mal
M. Vial Collet, affirmant vouloir rénover intégralement l’hôtel, a déclaré au tribunal : « Il serait déraisonnable de penser que les salariés actuels de l’hôtel auront la priorité d’embauche dans l’hôtel rénové ». Le cynisme ici, ne se donne même pas la peine de masquer ses funestes desseins. Que la cour d’appel persiste dans cette voie serait diabolique.
La deuxième voie : la paresse routinière
Confier à nouveau, la gestion de l’hôtel au groupe qui a eu des décennies pour prouver ses capacités, mais dont la dernière négligence concernant l’assurance professionnelle démontre l’impéritie, serait une solution paresseuse.
La troisième voie : l’audace des salarié·es
Malgré la précipitation de certains pour en finir avec cet hôtel, une troisième voie se dessine : celle des salarié·es. Avec l’aide de leur syndicat, ces mères et pères de famille refusent de voir comme une fatalité la perte de 120 emplois directs, la dilapidation d’un savoir-faire reconnu, et la destruction d’une motivation sans laquelle l’hôtel aurait sombré. « BATELIÈRE, SÉ NOU KI FÈ-Y», criaient les salariés manifestant jeudi dernier. Ils ont mobilisé des techniciens martiniquais compétents, motivé des financiers conscients, et pris contact avec les institutions les plus concernées (CACEM, CTM, Ville de Schoelcher). La SCOP existe et son projet est le plus audacieux, novateur, et crédible.
Le tribunal doit saisir cette opportunité pour montrer qu’il est à l’écoute des évolutions de la Martinique et de la France. La Martinique se débat entre la soif de renouveau et les lourdeurs du passé. En France, une litanie effrayante de plans sociaux montre ce qu’il en coûte de ne pas privilégier l’intérêt général face à la rapacité d’une minorité.
Mesdames et Messieurs de la cour d’appel de Fort-de-France, choisissez l’audace plutôt que le naufrage, enfin Saisissez le raisonnable porté par le monde du travail ! Que vive la SCOP Batelière Nouvelle Génération !
Premiers signataires
Adèle-Amélie Thomas, gestionnaire de la SCOP Batelière Nouvelle Génération
Aliker Christine, Péyi-a, élue de la ville de Schoelcher
Arnauld George, responsable de Culture Égalité,association féministe
Bertholle Jacques, ancien directeur du travail en Martinique
Borore Alain, citoyen lambda, prêt à s’investir dans la SCOP
Branchi Michel, économiste, rédacteur en chef du journal Justice.
Broche Marie-Louise, militante associative et politique, ancienne conseillère municipale de Schoelcher
Capgras Serge, expert Directeur CETE ingéniérie
Chomet Dany, conseiller municipal de Schoelcher
Dorléans Max, membre de la direction du GRS
Dulème Janfwanswa, militant de l’économie sociale et solidaire
François-Augrain José, secrétaire général de la CDMT, membre de la coordination de l’hôtellerie
Hardy-Dessources Sellaye Marie-Josèphe, membre de la direction de l’Union des Femmes de Martinique
Humbert Christian, ancien inspecteur du travail de Martinique
Landeau Pierre-Philippe, militant associatif
Ozier-Lafontaine Louis-Félix, anthropologue
Maugée Louis, responsable politique et syndical
Pierre-Charles Philippe, conseiller exécutif de la CDMT, militant politique
Pétro Claudinette, professeur retraitée, ancienne secrétaire académique du Snetaa (enseignement professionnel)
Renard Thierry, co-porte-parole des Insoumi·e·s de Martinique
Rosemain Richard, cabinet d’ingéniérie CERTA
Saint-Prix Dédé, artiste
Sainte-Rose Rosemond Frank, conseiller municipal de Schoelcher
Sellaye Marcel, co-porte-parole de RESPÉ
Syvatte Frédéric, expert en intelligence économique et transition énergétique
Tally Jacqueline, défenseure syndicale.
Thégat Hervé, solidaire des salariés.
Troudard Laurent, artiste, militant.
William Jiovanny député de Martinique, avocat à la Cour
Zénoky Hervé, ancien secrétaire général de la CSTM, membre dirigeant du cercle Frantz Fanon
Le cris du coeur et de la raison du Dr Labrada
Au moment où on inaugure en grandes pompes le cyclotron de Martinique, le Dr Labrada écrit :
« Bravo ! Notre CHUM devient une référence mondiale et fondamentale pour la Caraïbe. Je suis très fier. Mais malheureusement, on n’est pas capable d’opérer une fracture du col fémoral dans les premiers vingt-quatre heures. Et pire encore, (on passe) trois jours couché dans un brancard aux urgences pour manque de lits et insuffisance de places pour accéder au bloc opératoire ». Tout est dit. « j’ai besoin de vous », conclut–t’il, pour trouver des solutions ensemble pour notre service d’orthopédie.
Des solutions, ajouterons nous, qui passent par la mobilisation syndicale et citoyenne.